Page:Lavelle - Leçon inaugurale faite au Collège de France, 1942.djvu/44

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

n’est-ce pas le réel que nous touchons dans cette communication entre nos pensées où nous faisons ensemble une sorte d’épreuve idéale de notre destinée ? Par comparaison, le monde qui nous entoure ressemble à un décor.

Il importe par conséquent que la philosophie, dont nous avons dit qu’elle était la science de la conscience, étudie des relations des consciences entre elles, qui constituent le monde spirituel, avant de s’appliquer au monde matériel qui n’est rien que par elles et qui est appelé seulement à leur fournir le langage par lequel elles s’expriment et les moyens par lesquels elles agissent les unes sur les autres et réussissent à se comprendre. Il lui appartient de déterminer les lois de cette société des esprits hors de laquelle aucun esprit ne peut vivre, qui sont, si l’on peut dire, les lois de la communauté des êtres libres par opposition aux lois de la nature, qui sont les lois de l’enchaînement des choses nécessaires. C’est là une recherche encore neuve, comme si on n’avait pas osé l’entreprendre, ou comme si