Page:Lavergne, Jean Coste - 1908.djvu/161

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calme et lumineuse commence. Là-haut, dans la splendeur profonde des abîmes bleus, la lune silencieuse monte, au-dessus du village endormi dont les toits et les feuillages resplendissent, glacés d’argent — et se balance au milieu d’un cortège d’étoiles vives qui pâlissent une à une à son approche. Et des montagnes argentées aussi, que les chênes tachent de grisailles, de la vallée caressée par des souffles frais qui font chantonner les feuilles des vignes et des arbres, de partout enfin, arrivent, par milliers, des cris stridents et prolongés d’insectes, tandis que, là-bas, à l’ouverture noire d’une combe, dans une ruine, deux miaulements de chouette se répondent.

XXIII

La nuit souffla sur toutes ces colères d’électeurs, colères fugaces comme les flammes des marais. Lorsque le jour radieux fit étinceler la vallée lavée par la pluie, et scintiller les gouttelettes des buissons et des arbres encore mouillés, la passion était bel et bien tombée et plus d’un s’éveilla peu rassuré, en songeant aux frasques de la veille.

Ceux qui se croyaient tant soit peu compromis n’en menaient pas large ; quelques-uns se cachèrent même, durant plusieurs jours.

Gustou, que les gendarmes avaient relâché après lui avoir dressé procès-verbal, Gustou faisait de tristes réflexions. Non, il n’y échapperait pas, lui ! Et le nez allongé d’une aune, il craignait à tout moment d’être arrêté et conduit en prison, menottes aux poignets, comme un chenapan.

L’enquête et les poursuites suivirent leur cours habituel ; toutefois Gustou s’en tira à bon compte. On le condamna à