Page:Lavergne, Jean Coste - 1908.djvu/136

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question valût certes les six cents francs auxquels Jean l’estimait et qu’il demandait, c’était le tout si l’on en tirait de trois cent cinquante à quatre cents francs, à le vendre tout de suite et inculte depuis un an comme il était.

— A moins que vous ne vouliez attendre ? En ce cas, on pourrait, en patientant, le raisonner davantage.

— Non, je préfère m’en débarrasser au plus tôt, — repartit Coste impatient de ne rien devoir à personne et d’avoir un peu d’argent à lui.

Le notaire promit que, avant quinze jours, il aurait trouvé acheteur.

De retour à Maleval, Jean s’en fut chez le curé, afin de l’avertir qu’il ne pourrait acquitter le prix des funérailles de sa mère avant quelques semaines.

L’ahbé Clozel était un de ces vieux prêtres de campagne, pleins de dévouement et riches de vertus. De taille moyenne, mais large d’épaules, et d’une robustesse de chêne malgré ses cheveux blancs, il avait une figure sévère, que tempéraient la douceur évangélique de son sourire et l’indulgente et naïve bonté de ses yeux bleus, purs comme des yeux d’enfant. Desservant de Maleval depuis plus de vingt années, il était très aimé de ses paroissiens à cause de sa fine bonhomie et de sa charité discrète, qui allait jusqu’au complet oubli de soi-même. On le voyait volontiers causer et rire avec le paysan. A l’occasion, dans le temps des récoltes par exemple, il savait donner en passant un coup de main aux gens dans l’embarras, ici poussant à la roue, là aidant à décharger les bottes de foin ou les comportes de raisins. De là sa popularité de bon aloi parmi les villageois, à quelque parti qu’ils appartinssent.

Jusqu’alors l’abbé Clozel n’avait eu presque aucun rapport avec l’instituteur, malgré le voisinage du presbytère et de l’école. Non que Coste se tint systématiquement à l’écart et obéît à ces préoccupations politiques qui, la plupart du