Page:Lavergne, Jean Coste - 1908.djvu/177

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— Tout cela, — dit celui-ci, — n’est qu’une conséquence de l’anémie. Mme Coste n’a au cœur aucune lésion organique. Il faut donc combattre ces crises nerveuses par des antispasmodiques. Mais pour les faire cesser tout à fait, mieux vaut attaquer l’anémie. Donc, de l’exercice, un régime réconfortant et des ferrugineux.

Oui, mais pour cela il fallait de l’argent, beaucoup d’argent. Terrible refrain d’une situation terrible ! Louise se désolait tout le long du jour. La pensée que, de longtemps encore, peut-être jamais, elle ne pourrait revoir ses parents et ses amis de Peyras, l’accablait de tristesse et son état morbide s’en aggravait encore. Au milieu de ses souffrances, le regret tenace du pays la reprenait et, la figure douloureuse, elle languissait son cher Peyras, quitté depuis un an et où elle avait été jadis si heureuse.

Ses plaintes et ses pleurs incessants, où il y avait parfois tant de muets reproches, meurtrirent le cœur de Jean. À la longue, il perdit son calme, de voir Louise sans courage, injuste à son égard, et qui repoussait parfois durement et ses consolations et ses baisers. Il eut des mouvements d’impatience qu’il n’arrivait pas à réprimer aussitôt. De jour en jour, tous deux s’aigrirent. Ils eurent de ces paroles irréparables sous le choc desquelles le cœur crie d’angoisse.

— Mais dis-moi donc ce que je pouvais faire ?

— Beaucoup… Au moment des élections, tu as voulu être honnête. La meilleure honnêteté, c’était de ne pas exposer notre tranquillité, notre pain… Va, tu ne seras jamais qu’un nigaud !…

— Ma faute, toujours ma faute, n’est-ce pas ? Est-ce que je m’imaginais moi que tu serais toujours malade, incapable de faire œuvre de tes dix doigts ?

— C’est ça, reproche-moi mes souffrances, maintenant, comme si je n’étais pas assez malheureuse… Il ne te reste plus qu’à m’insulter comme le faisait ta mère... Mon Dieu !