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Il eut beau dire ; le paysan était fermement décidé ; il ne vit que de mauvaises raisons et des exagérations dans les paroles de Coste. Son fils serait instituteur, émargerait comme fonctionnaire, c’était là son rêve.

Coste comprit qu’il perdait son temps ; d’un air indifférent, il ajouta :

— Enfin, ce sera comme vous le voudrez. Je préparerai votre fils aux examens de l’école normale.

Puis comme il connaissait le peu de ressources du paysan, un simple journalier, possesseur d’un ou deux lopins de terre, il murmura lorsque l’homme se fut éloigné :

— Oh ! la sotte et aveugle vanité des parents ! Hélas ! mon père fit ainsi jadis. Mon père et ma mère aussi un jour sont allés trouver un instituteur pour moi.

Et, consciencieusement, par devoir, le jour même, il consacra des soins particuliers à la préparation du candidat, dont le succès, pensa-t-il, pourrait lui faire honneur dans le village et auprès de ses chefs.


XXVIII

Des semaines passèrent et ce fut l’hiver, très dur cette année-là. La gêne s’accrut. La femme de ménage, dont les gages n’étaient pas toujours ponctuellement payés, se plaignit, et, d’amère devenant insolente, elle menaça d’ébruiter tout ce qui se passait dans le pauvre logis de l’instituteur. Coste fit tout pour la calmer. Dès lors, elle refusa souvent ses services à moins d’être payée d’avance. Pour quelques autres dettes criardes, Coste reprit le chemin du mont-de-piété. Mais, gardant toujours le souci de son amour-propre, il ne pouvait s’habituer à y aller au grand jour. Chaque fois