Page:Lavergne, Jean Coste - 1908.djvu/33

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et des fenêtres étincelaient, tout éclaboussés de clartés frisantes, dans le rayonnement du jour triomphal.

— On dirait que le ciel nous fait fête, — remarqua Coste. — Tout est gai pour notre bienvenue.

Et il ajouta d’un air grave et avec une émotion soudaine :

— Puissions-nous avoir des jours heureux, ici !

Ils suivirent la grand’route, le long de laquelle s’échelonnent les maisons grises et vieilles, quelques-unes flanquées au dehors d’un escalier sous auvent, qui composent Maleval. De loin en loin, des ruelles, montantes à gauche, descendantes à droite, avec tout au plus deux ou trois maisons de chaque côté, s’ouvraient perpendiculairement sur la campagne et laissaient à découvert les montagnes pierreuses, parsemées de chênes-verts, entre lesquelles s’étend la vallée sans eau où est bâti le village.

Ils prirent l’une de ces ruelles, la contournèrent au fond et arrivèrent devant la mairie-école qui fait face aux montagnes et en est séparée par une placette et quelques jardinets, champs et vignes. L’église et le presbytère sont à gauche, très rapprochés. Un chemin s’en va vers la montagne et passe au-dessus de la promenade, close de murs bas, où l’on se réunit, le dimanche, pour deviser ou prendre l’absinthe, autour du bassin alimenté par une source fraîche, sous un dôme de robustes platanes.

Un perron, orné d’une balustrade en fer, précède la mairie. Au coup de marteau, une vieille dame vint ouvrir.

— Pardon, madame, — dit Coste en saluant. — Je suis le nouvel instituteur et je venais…

— Mais entrez donc, mon cher collègue, — s’écria gracieusement la vieille dame. — J’ai les clefs de votre logement et je vais vous les remettre.

Petite, maigre et frétillante, elle s’effaça dans le vestibule. De chaque côté, un escalier tournant conduisait au premier étage.