Page:Lavergne, Jean Coste - 1908.djvu/55

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pu et, vaille que vaille, gagné sa pauvre vie ; maintenant, si son fils ne l’hébergeait pas, elle n’avait pour recours que la charité publique, à moins « d’aller crever comme une mendiante dans un hôpital ».

Jean fut atterré par cette nouvelle — un coup de massue fait pour l’achever. Trop bon fils, il n’hésita pas une minute ; mais il eut une révolte contre le mauvais sort qui l’accablait. Louise, à qui il communiqua aussitôt la lettre, fondit en larmes.

— Et moi qui croyais, — fit-elle tristement — que ta mère avait de l’argent.

Ces mots donnèrent quelque espoir à Coste ; sa mère, qui sait ? l’aiderait peut-être.

— Je le crois aussi, — répondit-il ; — mais ce n’est pas certain. Elle s’en est toujours défendue, depuis leur saisie… mais elle est si économe…

— N’avait-elle pas, prétendais-tu, gardé une terre ?… Eh bien ! on lui dira de la vendre, si elle n’a pas d’argent.

— Là vendre, elle n’y consentira jamais. C’est tout ce qui lui reste et ce qu’elle a eu pour dot… Je connais ma mère : elle a l’orgueil du paysan. Déjà, elle a souffert de voir le bien de mon père mis à l’encan et dispersé au hasard des enchères… On lui arracherait plutôt le cœur que de la décider à se défaire du champ qu’elle tient de sa famille… Enfin qui sait ? elle aura peut-être une centaine de francs de côté et nous les cédera, quand elle s’apercevra de notre dénuement…

Le jeudi suivant, Jean partit. Il ramena sa mère que l’on appelait Caussette, diminutif de Causse, son nom de famille. Les frais du voyage allégèrent encore la pauvre bourse de l’instituteur. Pour grande que fût son envie, il n’osa, dès la revoir, questionner sa mère sur les ressources qu’elle avait.

Il serait temps plus tard, dans quelques jours, alors que la