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Page:Lavergne - Fleurs de France, 1924.djvu/131

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blanc. Jamais Sabine n’avait eu de robe de soie. Elle n’était pas tellement raisonnable, qu’elle n’aimât un peu la parure, et quand elle se vit dans la psyché de sa tante, elle admira quel éclat ce bel habit ajoutait à sa beauté. Itha et Thécla essayèrent des robes semblables, et la couturière s’écria que tous ceux qui verraient ces demoiselles croiraient voir les trois Grâces.

Mme de Haütern était radieuse. Pour la première fois de sa vie, elle loua la taille et la figure de sa nièce, et laissa échapper quelques mots sur l’espoir qu’elle avait de la bien marier.

Le cœur de Sabine battait bien fort. Ce mystérieux fiancé que lui avait promis la lettre de son vieil ami était-il donc prêt à paraître ? Elle attendit impatiemment le jeudi, et lorsque, les toilettes terminées, on vint annoncer à ces dames que les chaises à porteurs étaient en bas de l’escalier, Sabine le descendit joyeusement, pensant que bientôt peut-être elle aurait un foyer, une maison à elle, et s’appuierait au bras d’un protecteur qui l’aimerait.


VI

L’ENTREVUE


En entrant dans le salon de l’intendante, Sabine, tout en faisant les trois révérences d’usage, jeta un rapide coup d’œil sur la compagnie. Le gros intendant, les massifs Gottlieb, le petit secrétaire, le chevalier gringalet et l’élégant marquis étaient groupés autour de l’intendante. Aucun d’eux ne ressemblait à l’idéal que Sabine s’était fait. Elle se dit : Il va venir. Mais il ne vint pas. On servit le souper, et Sabine, placée près du marquis, put jouir bien à l’aise de son caquet de courtisan. Malignac, croyant bien faire, voulut éblouir les naïfs provinciaux qui l’écoutaient, et se