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Scène iii. — Au fond, dans le lointain, le Hœrselberg, qui donne accès à la contrée maudite. À gauche, un chemin parmi les arbres et les rochers descend jusque sur le devant de la scène ; à droite, une route dans la montagne, à mi-chemin de laquelle est une image de la Vierge.

On entend, dans les bois à gauche, les cloches des troupeaux ; un berger assis sur une haute roche chante et célèbre le printemps qui vient de renaître, puis il joue du chalumeau. Pendant ce temps on perçoit dans le lointain, à droite, venant de la montagne, des chœurs de voix d’hommes. Ce sont de vieux pèlerins se rendant à Rome pour obtenir l’expiation de leurs fautes, et chantant les louanges de Jésus et de la Vierge, dont ils implorent le céleste appui. Ils traversent lentement la scène, chantant toujours, puis s’éloignent ; le berger agite son chapeau à leur passage et se recommande à leurs prières.

Tannhauser, qui pendant toute la scène est resté debout, immobile, dans une extase muette et profonde, tombe alors à genoux, suppliant à son tour ce Dieu qu’il a si cruellement offensé ; pendant que de lointaines cloches d’églises se font entendre dans la vallée, il mêle son ardente prière à celle des pèlerins, dont le chant se perd peu à peu dans l’espace. Des larmes étouffent la voix du pécheur ; il pleure amèrement sur ses crimes et fait vœu de les expier enfuyant le repos et cherchant les souffrances.

Scène iv. — C’est dans cette pose pleine d’une douloureuse humilité que le trouvent le Landgrave et les Chevaliers chanteurs qui, revenant de la chasse, sortent des bois. Wolfram, un de ses anciens compagnons, le reconnaît ; oui, c’est bien lui le chevalier Henri Tannhauser, qui prenait si souvent et si victorieusement part aux poétiques tournois de la Wartburg, et qui disparut mystérieusement pendant sept années.