Page:Lavignac - Le Voyage artistique à Bayreuth, éd7.djvu/143

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tinuant ses hypocrites discours, elle excite la pitié de la douce Elsa, qui, émue d’une si grande infortune, lui promet sa protection et sa rentrée en grâce.

Pendant que la jeune fille quitte le balcon pour descendre auprès d’elle, Ortrude, voyant déjà sa victime entre ses mains, lance une farouche évocation aux dieux païens. Wotan et Freïa, auxquels elle sacrifie en secret, mais reprend son attitude suppliante au retour d’Elsa, qui la relève avec bonté, lui promettant de plaider sa cause auprès de l’époux qui va la conduire à l’autel; elle entend que son amie, sa protégée, parée elle-même d’atours magnifiques, accompagne ie cortège nuptial.

Ortrude, feignant la plus vive reconnaissance, dit vouloir lui témoigner toute sa gratitude en lui donnant un sage conseil : cet époux mystérieux auquel Elsa va lier son existence, il ne faut pas se fier aveuglément à sa parole ; un jour peut-être s’en retournera-t-il comme il est venu, délaissant sa trop confiante compagne. Elsa, troublée par le discours d’Ortrude, lui répond qu’elle ne peut douter de celui qu’elle aime, et repousse ces insinuations ; mais l’œuvre de perfidie germera quand même. Ortrude pénètre avec sa victime dans le palais, pendant que Frédéric, resté devant l’église, inaperçu, mais ayant tout en tendu, lance sa malédiction sur la douce créature.

Scène iii. — Le jour commence à poindre. Il se lève maintenant tout à fait ; les soldats sonnent le réveil et se répondent d’une tour à l’autre. Des valets, sortant du burg, vont tirer de l’eau à la fontaine, le gardien ouvre la porte massive, le mouvement populaire s’accentue. Quatre trompettes se montrent au seuil du palais et sonnent l’appel du roi ; les nobles et les chevaliers envahissent la cour et se saluent en causant.

Le héraut d’armes paraît et proclame, de par la volonté