Page:Lavignac - Le Voyage artistique à Bayreuth, éd7.djvu/145

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perdre. Quel est-il, cet inconnu qui a surpris la bonne foi de tous au détriment d’un chevalier jusqu’ici unanimement estimé ? Peut-il justifier de sa noblesse ? dire quelle est son origine et de quelle contrée il vient ? S’il a défendu à celle qu’il épouse de l’interroger à ce sujet, c’est sans doute qu’il a de graves motifs pour garder son secret. En vain Elsa cherche-t-elle à arrêter ce flot de paroles haineuses, Ortrude ne cesse le scandale qu’en voyant approcher le cortège du roi.

Scène v. — Le souverain, n’ayant entendu que de loin le colloque, demande quelle en était la cause, et le fiancé, apprenant ainsi la noirceur d’âme d’Ortrude, la chasse avec énergie. Après ce rapide incident, le cortège se reforme et se prépare à entrer dans l’église, lorsque Frédéric, à son tour, en arrête la marche et, malgré la foule qui veut l’écarter, s’approche du roi et profère l’accusation qu’il avait préparée contre son adversaire : il le déclare formellement coupable d’avoir surpris la confiance générale au moment du combat, et prétend vouloir au moins connaître le nom et l’origine de celui qui lui a ravi l’honneur. Le roi et toute l’assemblée attendent anxieusement la réponse du chevalier, qui, se défendant de toute déloyauté, refuse de révéler son origine à Telramund. Il n’est qu’une seule personne à qui il répondra si elle le demande, c’est Elsa, qui, troublée, ne pose pas néanmoins la fatale question ; mais on la sent inquiète au fond de l’âme, car le venin produit son effet. Le roi et les seigneurs brabançons ne doutent pas, eux, du parfait honneur du Protecteur du Brabant ; toutes les sympathies du souverain comme celles du peuple sont pour lui. Cependant Frédéric et Ortrude considèrent à l’écart leur victime, Elsa, et suivent sur ses traits les dangereuses pensées que leurs perfidies ont fait naître en elle. Tandis que le souverain prodigue à son