Page:Lavignac - Le Voyage artistique à Bayreuth, éd7.djvu/173

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clause, il y renonce avec sa caractéristique bonne grâce. Une petite escarmouche a lieu alors entre le cordonnier et Beckmesser ; ce dernier, ayant voulu ridiculiser l’excellent Hans, s’entend dire par lui qu’ils sont trop vieux tous deux pour aspirer à la main de la jeune fille, ce qui vexe fort le grotesque personnage.

Enfin l’effervescence se calme, et Pogner présente à ses collègues le jeune chevalier, de la noblesse et de l’honorabilité duquel il se porte garant, qui demande à subir l’épreuve de Maîtrise. Beckmesser, voulant créer des difficultés à celui chez qui il pressent un rival, essaye d’ajourner l’examen ; mais les Maîtres passent outre et se préparent à écouter le candidat, lui demandant tout d’abord quel est l’artiste dont il a reçu les précieuses leçons.

Walther a étudié la poésie, dit-il, dans le silence des longues veillées d’hiver, en relisant cent fois le bouquin poudreux d’un des plus célèbres Minnesingers de l’Allemagne ; c’est donc ce vieux maître qui lui a enseigné l’art poétique. Quant à la musique, il l’a apprise en entendant chanter les oiseaux des bois, alors qu’au printemps la nature, débarrassée des frimas, s’éveille au souffle embaumé du renouveau.

Sur ces explications, les discussions recommencent. Les uns, Beckmesser en tête, qui n’a cessé de ricaner pendant les réponses du gentilhomme, déclarent les prétentions de Walther absurdes ; d’autres, aux idées artistiques plus larges, comme Vogelgesang, Pogner et Sachs, préjugent mieux du jeune candidat et décident la corporation à l’entendre. Walther accepte l’examen, et, pour gagner le bien précieux auquel il aspire, il tâchera de traduire poétiquement et mélodiquement les souvenirs de son enfance : il chantera sous l’invocation de l’Amour dans lequel il a mis toute son espérance. Beckmesser est