Page:Lavignac - Le Voyage artistique à Bayreuth, éd7.djvu/244

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qui aveugle son âme, et grâce au pouvoir du heaume, se présente à elle sous les traits de Gunther, au nom duquel il veut la conquérir. L’infortunée, frappée d’horreur, se débat en vain, appelant dans sa détresse Wotan, dont elle croit éprouver de nouveau le courroux. Elle invoque vainement le pouvoir de l’anneau, ses forces la trahissent. Siegfried la terrasse et, lui arrachant la bague, qu’il passe à son propre doigt, il la déclare fiancée de Gunther et la force à entrer dans la grotte, où il la suivra, mais où, fidèle à la parole donnée à son allié, il la gardera intacte pour le fils de Gibich. Il en prend Nothung, son épée, à témoin.

2me Acte.

Scène i. — Le Rhin offre une belle et longue perspective, et forme vers la gauche un brusque coude passant devant le palais des Gibichs, que l’on aperçoit de profil au premier plan à droite. Des rives du fleuve, qui sont escarpées et rocheuses, monte à droite, au second plan, un chemin au bord duquel sont étagées des pierres de sacrifice, les deux premières dédiées à Fricka et à Donner, enfin une troisième, plus grande que les autres, consacrée à Wotan.

Il fait nuit obscure. Hagen, assis immobile et en armes à la porte du palais qu’il garde, semble dormir, bien qu’il ait les yeux ouverts. Son père, Alberich, accroupi devant lui, dirige son rêve et, lui parlant à voix basse, l’excite à la lutte dans laquelle il s’est engagé pour reconquérir l’anneau sur Wotan le maudit : déjà le dieu est affaibli par sa propre lignée ; un Wälsung lui a brisé son épieu, instrument de sa force et de sa puissance, et le dieu désarmé, amoindri, voit avec angoisse approcher sa fin et celle du Walhalla. Si Hagen veut aider l’Alfe qui l’a en-