Page:Lavignac - Les Gaietés du Conservatoire.djvu/111

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
105
LES GAIETÉS DU CONSERVATOIRE

du lendemain, après en avoir moulé une quarantaine, il les avait soigneusement placées entre les feuillets du missel, ce qui paraissait beaucoup amuser le singe.

Le temps qu’il aille épousseter l’orgue et déplacer quelques tuyaux, la maligne bête avait avalé plus de la moitié des hosties, et le lendemain, le pauvre curé dut refuser des communions. Le jour même, la corde fut raccourcie ; « mais », disait le père Veteau, « à présent, quand je moule des hosties, j’en fais toujours quelques-unes de plus pour lui. »

Toujours est-il qu’après de longs conciliabules entre le père bedeau, le fils abbé et le fils organiste, il fut décidé que ce serait le singe qui les tirerait d’embarras.

Chaque dimanche matin, on l’installait dans la soufflerie. Théotime tirait tous ses jeux, son père soufflait, et l’entrée commençait étincelante. Le moment venu d’accomplir ses fonctions de bedeau, le bonhomme se précipitait à la sacristie, pendant que le singe, obéissant à son instinct d’imitation, se suspendait frénétiquement à la corde ; mais comme il ne soufflait jamais bien fort ni bien longtemps, le savant organiste, mon élève, repoussait tous les jeux les uns après les autres, n’en gardait plus