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LES GAIETÉS DU CONSERVATOIRE



Un jour, Taffanel et Ch. Turban devaient jouer chez Mme D… la Tarentelle de Saint-Saëns pour flûte et clarinette, lorsqu’ils s’aperçoivent que le piano est accordé juste un demi-ton au-dessous du diapason.

Il n’y avait rien à faire ; seul un premier prix de la classe d’accompagnement aurait pu les tirer d’embarras, en transposant un demi-ton au-dessus.

— « Désolés, chère madame, dit Taffanel, nous ne pourrons pas jouer, votre piano est beaucoup trop bas !

— Trop bas ! Je vais tout arranger, s’écrie la bonne Mme D… Jean ! allez bien vite chercher les socles de cristal. »



Ceci ne s’est pas passé au Conservatoire, mais cela vous amusera tout de même.

Pendant plusieurs années, j’ai passé une partie de mes vacances dans un chalet à Berck-sur-Mer, où j’avais établi mon cabinet de travail tout en haut, au troisième. Pour arriver à ce dernier étage, il fallait passer par un escalier très étroit, ce qui constituait une véritable difficulté chaque fois que je voulais y faire monter un piano ; j’avais beau le choisir aussi petit et aussi léger que possible, mettre en réquisition le menuisier et son compagnon, le serrurier et son apprenti, quatre ou cinq vigoureux matelots, c’était toujours une affaire d’État, on abîmait les murs, on abîmait le piano, et les hommes