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LES GAIETÉS DU CONSERVATOIRE

l’Être Suprême, il ne pouvait faire un pas sans être escorté de gendarmes, dont l’un couchait dans sa chambre. (Tout ceci est rigoureusement historique.)

Le 20 Prairial an II (1794) on dut exécuter au Champ de Mars un hymne spécialement composé pour la circonstance. Cet hymne fut commandé à Sarrette le 15, par le Comité de Salut Public, et composé immédiatement par Gossec ; dans les quatre jours qui suivirent, par ordre de Robespierre, qui rendait Sarrette responsable de la bonne exécution, il fallut apprendre ce chant au peuple : Gossec se chargea du quartier des Halles, Lesueur des boulevards, et Méhul s’installa devant la porte de l’établissement, qui devait être alors rue Saint-Joseph.

Voyez-vous un peu les professeurs de composition de nos jours, Lenepveu, Widor, Fauré, ou il y a quelques années Massenet, Guiraud et Dubois, faisant ce métier d’apprendre à la populace des chants patriotiques dans les carrefours ! Mais en ce doux temps il n’y avait à choisir qu’entre l’obéissance ou la guillotine.

L’hymne fut donc appris et exécuté au jour dit, à la satisfaction du Comité de Salut Public, par une grande masse d’exécutants, tout le peuple chantant, avec accompagnement de 200 tambours, dont 100 fournis par les élèves de l’École de musique de la Garde Nationale, et 100 tambours ordinaires.

Enfin, le 3 août 1795 (16 thermidor an III) parurent simultanément deux lois, l’une supprimant la musique de la Garde Nationale, ainsi qu’une École de Chant et de Déclamation sur laquelle on manque de documents précis, mais qui remonte au moins à 1786, l’autre qui organise le Conservatoire de Musique, l’installe dans le local des Menus-Plaisirs, dit qu’il devra enseigner la musique à 600 élèves des deux sexes,