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LES GAIETÉS DU CONSERVATOIRE



Parmi les types les plus amusants d’anciens professeurs qu’il m’ait été donné de connaître ou d’entrevoir, je crois qu’il faut placer en première ligne celui qu’on appelait le petit père Elwart, dont je suis indirectement le successeur, car en 1872, Th. Dubois a hérité de sa classe d’harmonie, dont je suis devenu titulaire en 1891, lorsque Th. Dubois lui-même, avant d’être appelé aux fonctions directoriales, a succédé à Léo Delibes dans une classe de composition.

Elwart, que j’ai donc pu fort peu connaître, était, autant qu’il m’en souvient, un petit homme rabougri, rougeaud, très ratatiné, alerte, courant toujours par ci et par là, très affairé, très original, mais qui ne devait pas manquer d’une certaine valeur. Il suffit, pour s’en rendre compte, d’examiner ses étapes, autant que je puis les reconstituer :

A dix ans, il était enfant de chœur à Saint-Eustache.

A treize ans, il était apprenti emballeur rue de Paradis-Poissonnière.

A seize ans, on le retrouve deuxième violon dans un petit théâtre des boulevards qui n’existe plus.

A vingt ans, il était élève de la classe de composition de Lesueur, au Conservatoire.

A vingt-trois ans, il obtenait le Deuxième Grand Prix de Rome, et à vingt-six ans le Premier.

Il fit beaucoup de choses, il composa, il écrivit ; de tout cela, il ne reste rien, ou pas grand’chose ; quelle valeur cela pouvait-il avoir, je l’ignore. Mais ce qui lui est resté parmi nous, c’est sa réputation inénarrable d’orateur pour banquets,