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LES GAIETÉS DU CONSERVATOIRE

pour funérailles, pour fêtes orphéoniques et réunions en tout genre ; il adorait parler, et il faut voir comme il s’en tirait.


Aux obsèques de Leborne (aussi un de nos anciens professeurs), il termina ainsi son discours :

« Leborne avait un grand chagrin au cœur ; il ne fut pas de l’Institut, malgré les nombreuses démarches qu’il fit pour y entrer. »

Puis, se penchant à l’oreille de M. Victorin Joncières, de qui je tiens cette anecdote, il lui confia ceci : « Ce que j’en ai dit, c’est pour la famille. »

C’est également de M. V. Joncières, qui l’a beaucoup plus connu que moi, que je tiens ce mot de Berlioz agonisant :

« Si Elwart doit parler sur ma tombe, j’aime mieux ne pas mourir ! »


Mais une des gaffes les plus belles de ce bon Elwart, c’est celle qu’il commit à Bordeaux, mon pays d’origine, sinon natal, alors qu’il accompagnait, on ne sait trop pourquoi, une tournée de concerts qui avait déjà fait escale à Orléans, à Tours, à Poitiers, à Angoulême, et devait se continuer encore par ailleurs.

Il était surmené, ce pauvre homme, car à chaque station il se croyait obligé de faire un speech, de porter des toasts, de se dépenser enfin en frais d’éloquence, d’assister par conséquent à tous les banquets, à tous les soupers offerts aux artistes après les concerts organisés par les sociétés plus ou moins philharmoniques. Il n’en pouvait plus, mais entraîné par sa nature, il parlait toujours, il fallait qu’il parle, c’était sa vocation, c’était plus fort que lui.