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LES GAIETÉS DU CONSERVATOIRE

imprévu à un moment où l’on n’a pas trop de tout son calme et de tout son sang-froid. C’était le meilleur moyen de lui faire manquer son coup ; il n’en fut rien, et malgré cette difficulté supplémentaire, dont personne dans le public ni dans le jury n’eut à lui tenir compte, le jeune Éleuthère enleva brillamment un beau premier prix. Dans la cour, il se précipite dans les bras de son père, lequel, après une courte effusion, lui annonce son désir bien arrêté de partir avec lui, dès le lendemain, pour le fond de la Creuse, afin d’y entreprendre sans plus tarder la brillante carrière en question !

Quel seau d’eau froide ! C’était la fin de tout avenir artistique, et nous savions qu’il n’y avait pas à lutter par des raisonnements contre l’entêtement provincial du brave père Kalb, dans les idées duquel il n’était jamais entré que son fils habitât Paris au-delà du temps de ses études. Il fallait de toute nécessité parer ce coup, et nous n’avions pas vingt-quatre heures devant nous.

En cinq minutes, notre parti fut pris.

Tout d’abord, nous emmenâmes le père Kalb déjeuner chez Notta, restaurant qui existe toujours au coin du boulevard et du faubourg Poissonnière ; et en cabinet particulier, ce qui était indispensable.

Menu :
 
Écrevisses à la Bordelaise,
Chateaubriand pommes paille,
Aspic de foie gras,
Salade Russe,
Parfait à la vanille,
Ananas.
 

 
Chambertin, Clos Vougeot,
Champagne Auban-Moët,
Café, chartreuse, anisette.