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Page:Lavignac - Les Gaietés du Conservatoire.djvu/54

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LES GAIETÉS DU CONSERVATOIRE

Rentré à son hôtel, après un formidable souper chez Péters, toujours à un franc par tête, ahuri, éreinté, le malheureux ne ferma pas l’œil de la nuit. Mais le lendemain matin, ébloui par les belles relations que son fils avait su se créer en deux ans, rassuré sur la prétendue cherté de la vie à Paris, il avait changé totalement d’avis, et décidé de laisser l’heureux lauréat encore un an dans la capitale, en supprimant toutefois la pension, comme superflue.

Et c’est ainsi que le jeune Éleuthère Kalb put poursuivre sa carrière, et devenir un de nos artistes les plus honorables.

Ah ! on était sérieux dans mon temps !



Quand j’étais à la classe d’harmonie de François Bazin, homme très austère malgré le tour léger de sa musique, on s’y livrait assez fréquemment à un divertissement auquel je n’ai jamais pris part active, je l’atteste, mais contre lequel je dois avouer que je n’ai non plus jamais protesté.

Il fallait pour cela que M. Bazin fût appelé à l’administration, ou qu’il eût une visite à recevoir dans le couloir, qu’il sortît, enfin, pour une raison quelconque… Aussitôt qu’il avait fermé la porte, un élève s’emparait de son chapeau et le posait sur un des tabourets carrés qui, avec une table et un piano, forment tout notre mobilier scolaire ; puis il soulevait ce tabouret, sous lequel un autre élève en glissait un second ; il soulevait le second, sous lequel on en glissait un troisième… et ainsi de suite jusqu’à ce que la colonne