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LES GAIETÉS DU CONSERVATOIRE

public les turpitudes de l’un, la basse extraction de l’autre, enfin tout ce qu’il aurait pu découvrir ou croire découvrir de désobligeant pour chacun d’eux. De même pour ses maîtres, bien entendu, dont il n’aurait fait qu’une bouchée.

Il n’étudiait si bien les uns et les autres que pour mieux pouvoir les éreinter et les démolir, les tomber, le jour où il aurait une plume.

Je crois bien qu’il n’en aura jamais, ce vilain petit serpent, qui venait se réchauffer dans le sein de ceux-là mêmes qu’il voulait plus tard arroser de sa bave venimeuse, car aussitôt ma conviction faite sur sa valeur morale, j’ai mis autant de soin à entraver sa hideuse carrière de critiqueur que j’en apporte tous les jours à aider dans la leur ceux de nos élèves vraiment méritants. Et sans avoir le bras long comme le colonel, j’espère y avoir bien réussi.

Sale petite nature, va !

Il est actuellement, je crois, employé sans avenir dans une petite mairie de la banlieue de Paris, et je l’autorise à me maudire s’il lit ces lignes.


Quoi qu’il en soit, si jamais il arrivait à l’un de vous, ne se sentant ni l’étincelle créatrice nécessaire au compositeur, ni la verve et la chaleur communicatives qui font les grands virtuoses, ni l’abnégation et la patience indispensables au professorat, l’idée de se consacrer, mais alors loyalement et en pleine connaissance de cause, à la carrière de critique musical, je persiste à croire qu’il y aurait là une belle place à prendre, dans laquelle on pourrait même rendre des services élevés ; et qu’en ce cas le meilleur plan d’études serait probablement celui indiqué ci-dessus, et tel que je l’avais consciencieusement institué à l’usage du jeune animal en question.