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LES GAIETÉS DU CONSERVATOIRE

vont aussi leur train et nulle part on ne voit plus riche collection de mauvaises langues.

Dans cette collection, la mère Samper avait droit à une place d’honneur ; elle recueillait sans examen tous les commérages, tous les plus sales potins, et avait le chic, en les colportant, de toujours les aggraver par des détails que lui fournissait abondamment sa nature venimeuse.

Aussi était-elle unanimement détestée.

Mais sa principale bête noire, c’était la mère d’une autre élève, dont je n’ai jamais su le nom, mais qu’on avait surnommée la mère Caspienne, parce qu’elle ne communiquait avec aucune autre mère ; c’est justement ce mutisme orgueilleux qui avait le don de pousser à ses extrêmes limites la rage de madame Samper.

Les jours de concours, dans la salle d’attente, la mère Caspienne trouvait toujours le moyen de s’asseoir juste en face d’elle, et la fixait avec des yeux de crapaud magnétiseur, tout en observant haineusement le manège des deux petites fioles, qui sortaient l’une après l’autre du « ridicule » pour aller aux lèvres de la jeune Regina.

Or, ce jour-là, le concours terminé, Regina proclamée, la mère Caspienne s’avança dignement au-devant de madame Samper, et ouvrant la bouche pour la première fois :

— « A présent,