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LES GAIETÉS DU CONSERVATOIRE

médaille si ardemment convoitée ; d’ailleurs méritée, je tiens à le dire.

Or vous n’ignorez pas que si dans nos classes d’hommes et de jeunes gens règne la plus affectueuse confraternité, il en est tout autrement dans les classes de jeunes filles et surtout de petites filles, où l’on peut étudier toutes les variétés de la haine, depuis la simple jalousie jusqu’à l’explosion des sentiments les plus féroces, ce qui est d’ailleurs absurde.

Chez nous, du côté des hommes, c’est la bonne camaraderie ; on s’entr’aide, on s’entraîne les uns les autres, la rivalité est saine, sans aigreur, affectueuse même ; souvent, on est heureux, relativement, du succès d’un ami, qui était un concurrent, c’est vrai, mais non un adversaire, et auquel on sait reconnaître sa valeur.

Les choses ne sont pas ainsi considérées chez les petites filles, qui se montent et s’exaspèrent entre elles, et sont de plus surexcitées par les ragots de tous genres des mamans ; pour elles, tout est dû à l’intrigue : une telle n’aura jamais de prix, parce qu’elle ne prend pas de leçons particulières chez son professeur ; une autre est sûre de son succès, parce que M***, membre du jury, lui a promis la première médaille ; et patati, et patata… les méchancetés, les dénonciations calomnieuses