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LES GAIETÉS DU CONSERVATOIRE

c’est alors que le sentiment artistique, je vous le demande, si ce n’est pas de donner de l’argent à ses enfants pour qu’ils aient des prix comme les autres, quand ils le méritent et que les autres ne le méritent pas ? Ah ! il est propre, votre Conservatoire !

— Mon Dieu ! madame, je suis désolé de vous voir dans cette effervescence…

— On y serait à moins…

— Mais non ! calmez-vous ! vous avez mal compris, il y a malentendu, ou on vous aura mal raconté les choses. Voici, moi, ce que je crois débrouiller dans tout cela : Les parents de cette petite camarade…

— C’est pas une camarade, c’est une drôlesse…

— Soit, je ne la connais pas ; les parents de cette drôlesse, mettons, auront dépensé environ un billet de mille francs pour des leçons particulières, des répétitions, ou encore en achats de musique, en abonnements de lecture, en location de piano ; tout cela, réparti en trois années qu’elle a passées à la classe, ce n’est pas exorbitant : cela fait 333 fr. 33 par an, 33 francs environ pour chacun des dix mois d’études, soit 1 franc et quelques centimes par jour ; et c’est là ce qu’ils expriment en disant que ce succès leur revient à mille francs, ce qui est assez juste.

— Non, non ! Ils ont payé mille francs, et tout en faisant l’étonné, vous savez très bien que ça se passe ainsi. Je donnerai les mille francs, moi aussi ; tout ce que je vous demande, c’est de me dire à qui il faut les remettre.

— Pour cela, madame, adressez-vous à Mme Chaulard, puisqu’elle le sait…

— Moi ! parler à cette créature, une femme de rien, qui ne peut pas dire deux mots sans faire trois fautes d’orthographe, dont on dit que le mari a gagné sa fortune en faisant la traite