Page:Lavisse, Rambaud - Histoire générale du IVe siècle à nos jours, tome premier, 1894.djvu/17

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formes vont s’effaçant, laissant paraître le fond : la monarchie absolue.

L’empereur a le pouvoir militaire ; il est chef unique des armées ; ce qui implique le pouvoir de faire des levées, de licencier les soldats, de nommer les chefs. Il a une autorité absolue sur les provinces, qui sont administrées par ses lieutenants, et s’il y a deux catégories de provinces, celles de César et celles du peuple, les premières administrées par les légats de César, les secondes par les proconsuls du sénat, cette distinction n’a guère d’importance dans la pratique, car l’empereur a droit de commander aux proconsuls sénatoriaux. Il a le pouvoir judiciaire ; à Rome il rend la justice en personne ; dans les provinces il délègue son droit ;, il juge en appel. Il a tout le pouvoir législatif : présidence des comices tant qu’ils subsistèrent ; présidence du sénat ; droit de proposer ; droit d’empêcher. S’il ne peut faire de véritables lois qu’avec le concours du sénat, il a le droit, comme les anciens magistrats de la République, de faire des édits ayant force de loi pendant toute la durée de sa magistrature. Il a le droit de faire le cens, de dresser la liste des sénateurs et des chevaliers, ce qui implique le droit de composer le sénat à son gré. Enfin il a la pleine et libre disposition des finances publiques. Tout l’État était donc confondu dans l’empereur ; il avait en lui la Majesté (Majestas) du peuple romain, qu’avaient eue avant lui les consuls et les dictateurs, et à laquelle il ne pouvait être porté atteinte sans péril de mort. Il était le chef de la religion romaine, pontifex maximus, c’est-à -dire souverain pontife. Sa personne était sacrée : il était parfois adoré de son vivant comme un dieu ; il recevait après sa mort le titre de divus et les honneurs de l’apothéose. Quels sont les moyens et les agents dont dispose le gouverment impérial ? L’empereur a son prétoire (praetorium) comme l’avaient les généraux de la république. Il est gardé par plusieurs cohortes formées de soldats d’élite. L’empereur en délègue le commandement à des préfets du prétoire dont chacun 1. Autrement dit : provinces impériales et provinces sénatoriales.