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I. — L’Empire romain jusqu’au IIIe siècle.

Le pouvoir impérial. — Toute la région que baigne la mer Méditerranée, l’Europe occidentale et méridionale jusqu’à la mer du Nord et au Danube, l’Afrique septentrionale jusqu’au désert, l’Asie occidentale jusqu’à l’Euphrate, obéissaient à l’empereur (imperator, princeps, Cǽsar, Augustus). Il y était maître absolu, sa volonté faisait loi.

Fustel de Coulanges a fort bien montré comment ce pouvoir absolu des empereurs est une conséquence naturelle de l’organisation romaine. Le principe fondamental du droit public a été de tout temps à Rome la souveraineté absolue de l’État. Les institutions ont eu pour objet non la liberté, mais l’obéissance des hommes. Ces règles ont régné sur l’esprit romain aussi bien avant César qu’après lui. Même sous la république, le pouvoir suprême était exercé par quelques personnes à qui l’État déléguait sa puissance ; entre leurs mains l’autorité était absolue, complète, sans limites ; la magistrature n’était pas une fonction, elle était un pouvoir. On l’appelait d’un mot expressif : imperium (commandement).

Lorsqu’au lieu de plusieurs délégués il n’y en eut plus qu’un seul, l’empereur, concentrant en ses mains toute l'autorité, il se trouva maître absolu. Les circonstances historiques ayant détruit l’ancienne constitution romaine, des pouvoirs multiples et mutuellement pondérés furent remplacés par un pouvoir unique et sans limites. Quelques formes du passé avaient subsisté, respectées par Auguste, le fondateur du nouveau régime. L’empereur prince absolu, — voilà le fait, — a été comme l’héritier des anciennes magistratures, — voilà la forme. Ce respect de la forme créa une équivoque, aggrava les regrets des partisans du passé. Le plus grave inconvénient fut l’incertitude pour la transmission du pouvoir qu’on n’avait pas osé rendre héréditaire : de là une perpétuelle inquiétude de l’empereur. Dans la seconde période qui commence à la fin du IIIe siècle et à laquelle on applique le nom de Bas-Empire, les