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J’ai connu, il y a vingt-neuf ans, une grande joie nationale, celle d’un peuple heureux d’être vainqueur et d’affranchir par sa victoire un autre peuple ; puis, il y a dix-huit ans, une grande douleur nationale. En 1859, la joie éclairait tous les visages ; dans les premiers jours de 1871, les têtes, courbées sous le même poids, regardaient le pavé des rues.

Pour que des hommes, répandus sur un vaste territoire, très différens par la condition et par l’esprit, comprennent et sentent tous, tout de suite, de la même façon, une même chose ; pour qu’une nouvelle criée dans les rues de Bordeaux et de Lille, de Rennes et de Lyon, de Toulouse et de Nancy, donne à tous les cœurs