Page:Lavisse - La Bataille de Bouvines, paru dans le Journal des débats, 13 et 16 décembre 1888.djvu/55

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la même émotion et le même air à tous les visages, il a fallu la collaboration de la nature, du temps et de l’action des hommes, un sol qui permît l’unité, une suite de siècles, la politique de nos rois qui nous a rassemblés dans l’obéissance et dans le culte de la grandeur française, la Révolution qui a fait chacun de nous un co-propriétaire de la patrie, responsable des communes destinées.

Mais les Français du treizième siècle ? Ils ne voyaient pas l’unité du sol ; ils n’avaient ni devant les yeux ni dans l’esprit la carte de notre France. Leur regard s’arrêtait aux reliefs, effacés aujourd’hui, des frontières de fiefs, des remparts de châteaux et de villes, des privilèges de personnes et de lieux, des coutumes et des dialectes divers.