Page:Lavisse - La Bataille de Bouvines, paru dans le Journal des débats, 13 et 16 décembre 1888.djvu/59

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Ce qui est vrai, c’est que tous, clercs, chevaliers et communiers, ont goûté le parfum de cette fleur d’orgueil qui éclot de la victoire. Ils se sont sentis grands et glorifiés en la personne du roi que la journée de Bouvines a fait plus grand et plus glorieux.

C’est en lui, le roi, en lui seul, qu’est l’unité de la nation naissante. C’est lui, le personnage à la fois réel et mystique, l’homme sacré par l’huile miraculeuse et le politique si avisé, le prêtre qui bénit et le soldat qui tue, c’est lui qui représentait la France à Bouvines. Il la contenait en lui tout entière. Si au lieu de mettre en fuite l’Angleterre et l’Allemagne, il avait été vaincu, qui sait de combien d’années la France eût été retardée ?