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Page:Lavoix - Histoire de la musique, 1884.djvu/120

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HISTOIRE DE LA MUSIQUE.

France, musiciens-poètes, dont les œuvres se lisent encore avec plaisir ; Thibaut, comte de Champagne et roi de Navarre, le roi d’Angleterre Richard Cœur de Lion et Blondel de Nesles, dont le dévouement est resté légendaire, quoique l’anecdote qui nous le montre délivrant, au moyen d’une romance, son maître languissant dans les prisons du duc d’Autriche, soit loin d’être prouvée.

Il serait injuste d’oublier, à la même époque, les théoriciens dont les œuvres jettent tant de jour sur la musique du xiiie siècle, comme Jérôme de Moravie, Jean de Garlande, Jean Cotton, Francon de Paris, Marchetto de Padoue, Walter Odington, Élie Salomon ; enfin des écrivains sacrés, comme saint Bernard, des philosophes comme Abailard (1079-1142), qui était aussi musicien et chanteur.

En Italie et en Allemagne, le même mouvement littéraire et musical se faisait aussi puissamment sentir. Dante, dans la Divine Comédie, nous a laissé les noms de Casella, qui fut, paraît-il, son maître de musique, et de Bellacqua, le célèbre joueur de luth. En Allemagne, les musiciens-poètes formaient toute une caste, constituée régulièrement. Ces artistes, auxquels on a donné le nom de Minnesänger (chantres d’amour), composaient leurs chants et leurs vers, concouraient entre eux au château de la Warburg, pour le prix de la poésie et de la musique. Richard Wagner, dans son magnifique opéra du Tannhaüser, nous a montré les deux minnesänger Tannhaüser et Wolfram d’Eschenbach dans un de ces fameux concours. Parmi ces minnesänger, les uns étaient riches, les autres pauvres, mais