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Page:Lavoix - Histoire de la musique, 1884.djvu/27

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L’ANTIQUITÉ.

montre un concert avec danse des plus curieux ; l’orchestre se compose de deux trigones, d’une grande harpe, d’une lyre, d’une flûte double, d’un tambourah.

On le voit, les représentations sont nombreuses, et nous n’avons cité que les principales ; mais quelle musique exécutaient tous ces instruments ? C’est ce qu’il nous est impossible de dire, sans entrer dans l’hypothèse. L’Orient a peu changé depuis l’antiquité, malgré les mille révolutions dont il a été le théâtre ; plusieurs des instruments que nous avons cités sont encore les mêmes aujourd’hui qu’autrefois ; qu’on nous permette donc de citer un poétique tableau tracé par un historien moderne, qui a pour ainsi dire entendu chanter l’Égypte et qui aurait su comprendre le langage de la statue de Memmon, saluant d’un murmure musical le lever du soleil.

« … La multiplicité des notes, qui est encore la caractéristique de la musique actuellement préférée sur les bords du Nil, exclut la possibilité des effets puissants et donne avec exactitude, si l’effet en est prolongé, l’impression des murmures harmoniques naturels dont les Égyptiens jouissaient. Ces harmonies, très nettement perceptibles, sont l’œuvre du soleil et des eaux. Le matin, dès que les premiers rayons réchauffent la terre d’Égypte, tout imprégnée de l’abondante rosée de la nuit, l’humidité se vaporise rapidement, les myriades de petites pierres, les grands blocs, les hauts rochers, vibrent de toute part, et c’est, dans le grand silence d’une aube blanche, comme un cantique. Dans les vallées profondes, cette harmonie devient très puissante ; elle prend le cœur. Pendant le jour, c’est la plainte des palmes interminable, la brise venant du Nord ; la nuit,