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Page:Lavoix - Histoire de la musique, 1884.djvu/70

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HISTOIRE DE LA MUSIQUE.

cert, il se forma des aulètes et des chanteurs romains dont le premier célèbre fut Hermogène Tigellius, le grand ami d’Horace et de Cicéron, le Bellus tibicen, le beau joueur de flûte.

Vers l’an 30 avant J.-C. s’introduisit à Rome un goût venu d’Égypte, qui se répandit chaque jour davantage et donna un grand essor au développement des forces musicales : celui de la pantomime, tragique ou comique. Le ballet mimé remplaça peu à peu l’ancien théâtre, et les danseurs furent accompagnés d’orchestres nombreux et brillants. Pylade de Cilicie et Bathylle d’Alexandrie, l’un sérieux, l’autre badin, furent les grands promoteurs de la pantomime gréco-orientale à Rome, avec tout son appareil musical. Ils faisaient de la danse un instrument politique : « Il est de ton intérêt, César, disait Pylade à Auguste, que le peuple s’occupe de nous ; pendant ce temps il ne pense pas à toi. »

Du reste, les concerts publics et privés s’étaient développés sous les empereurs dans des conditions extraordinaires. « Aux accents des hommes se mêlent les voix des femmes, et les flûtes viennent se joindre au chœur ; dans les concerts actuels il y a plus d’exécutants qu’il n’y avait autrefois d’auditeurs. Quoique les abords soient remplis de chanteurs, que l’amphithéâtre soit bordé de joueurs de trompettes, et que l’avant-scène retentisse de toutes sortes d’instruments à vent et autres, ces sonorités opposées entre elles engendrent un ensemble agréable. » (Sénèque, lettre 84.)

Plus riches que les plus riches princes de l’Orient, les Romains voulurent avoir dans leurs maisons des concerts de chœurs et d’orchestres ; ils nourrissaient