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HISTOIRE DE LA MUSIQUE.

il a de fort bonne foi indiqué ce qui existait avant lui ; mais la clarté de ses démonstrations, son vrai génie vulgarisateur, le grand nombre de copies de ses manuscrits retrouvées dans toutes les abbayes, expliquent comment il a été considéré comme l’inventeur de la musique, en même temps qu’ils prouvent son immense popularité (fig. 31).

Il n’est pas besoin de le répéter, les clefs, les lignes de la portée, la gamme étaient employées avant l’époque du moine de Pompose. Que reste-t-il donc au maître célèbre ? deux inventions, mais capitales. D’abord il sut bien et clairement expliquer la musique de son temps, ce qui n’était pas chose facile ; puis il donna un nom court et aisé à retenir à chacune des notes de la gamme, que l’on désignait le plus souvent jusqu’à lui par des lettres, ou bien en indiquant leur place dans l’échelle. Son invention fut un coup de maître ; il recommanda de nommer chaque note par la première syllabe de chacun des vers qui commencent l’hymne à saint Jean. Chacune de ces syllabes montant d’un ton ou d’un demi-ton, six vers suffisaient pour fournir ainsi un moyen mnémonique qui permettait de retenir facilement le nom et la place des notes ; voici ces vers :


UT queant laxis
REsonare fibris,
MIra gestorum
FAmuli tuorum,
SOLve polluti
LAbii reatum.
Sancte Johannes.

La gamme de Guy d’Arezzo n’a que six notes, mais nous verrons plus tard d’où vient cette lacune.