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Page:Lavoix - Histoire de la musique, 1884.djvu/89

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HISTOIRE DE LA MUSIQUE.

restent cois. Il les fait incontinent enfermer dans une salle du palais, sans boire ni manger, jusqu’à ce qu’ils chantent de la même façon que leurs confrères d’Orient. La méthode avait peut-être du bon, mais Charlemagne ignorait évidemment le proverbe : « Ventre affamé n’a pas d’oreilles. »

Quoi qu’il en soit de ces anecdotes, vraies ou fausses, un fait reste évident : Charles fonda en France deux écoles musicales : à Metz d’abord, puis à Soissons, exemple bientôt suivi par la plupart des grandes villes de l’empire ; au palais impérial, l’école Palatine avait pour maître de musique le grand Alcuin ; ces écoles furent une riche pépinière de musiciens habiles et de théoriciens célèbres.

En effet, c’est vraisemblablement à ces institutions que le moyen âge doit quelques-uns de ses premiers théoriciens, comme Isidore de Séville au viie siècle, Bède le Vénérable au viiie, Aurélien de Réomé, Remy d’Auxerre, Reginon de Prum, Odon de Cluny, le célèbre Hucbald aux ixe et xe, Bernon et Hermann Contract au xie, dont les traités jettent une vive lumière sur la musique de ce temps.

Nous avons hâte d’arriver au plus célèbre de tous ces maîtres, à Guy d’Arezzo (fin du xe siècle, mort vers 1050), bénédictin, moine de Pompose, dont le nom semble résumer tout le moyen âge musical. Il n’est pas d’invention qui n’ait été attribuée à Guy d’Arezzo, depuis celles dont on connaissait l’existence longtemps avant lui, jusqu’à celles qui ont été trouvées bien des années après sa mort. Dans ses deux ouvrages célèbres, la Lettre au moine Michel et la Préface de l’Antiphonaire,