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III

CE QUE VEUT L’ANTISÉMITISME




Décidément, M. Drumont est un sociologue qui n’aime pas à discuter sociologie. C’est un homme prudent, il connaît sa faiblesse, et quand on lui pose des questions qui l’embarrassent, il préfère garder le silence. Vous lui demandez si l’association antisémite et cléricale des négociants et industriels, dont la devise est : « N’achetez rien aux Francs-Maçons et aux Juifs », a pour but de sauver la France ou de faire de meilleures affaires. Il vous répond qu’on a ouvert un plébiscite pour savoir s’il appartenait à la race de Sem, et il affirme qu’il a été baptisé, comme Halévy et Erlanger. En quoi veut-il que cela m’intéresse ?

Toutefois, puisque mes questions lui déplaisent, je veux bien lui en poser d’autres. Je lui ai dit que nous aurions, s’il le voulait, d’inépuisables sujets de conversation, que je lui adresserai d’innombrables demandes. Sans doute, dans le nombre, quelques-unes l’intéresseront-elles ? J’abandonne donc pour le moment — car j’y reviendrai, non plus pour interroger, mais pour démontrer — la question du capitalisme catholique. Peut-être M. Drumont est-il mal documenté là-dessus et ses tiroirs sont-ils vides, — ce que d’ailleurs j’observe depuis quelque temps. — Je pourrai un jour lui indiquer des sources sérieuses de renseignements, et il pourra faire un livre très curieux.

Parlons donc de la mission de l’antisémitisme, car l’antisémitisme, qui l’ignore ? a une mission. Ses apôtres sont spécialement mandatés par la divinité qui a résolument abandonné son ancien Benjamin.