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Il me faut ici revenir en arrière et donner quelques explications sur le concours auquel je faisais allusion. Le 22 octobre 1895, la Libre Parole mettait au concours le sujet suivant : « Des moyens pratiques d’arriver à l’anéantissement de la puissance juive en France, le danger juif étant considéré au point de vue de la race et non au point de vue religieux. »

En annonçant ce concours, M. Drumont disait : « Si un Juif n’appartenant pas au monde de la finance et ayant, par conséquent, quelque autorité dans la question, désirait faire partie du jury, nous serions disposés à lui accorder une place. »

J’écrivis aussitôt au directeur de la Libre Parole la lettre ci-dessous, qui parut dans le numéro du 24 octobre précédée des quelques lignes que je reproduis :

« Nous recevons de M. Bernard Lazare la lettre suivante que nous insérons bien volontiers, ainsi qu’il nous en fait la demande, mais en faisant des réserves formelles, toutefois, sur la solution qu’il préconise et qui nous paraît un peu radicale :


Paris, 23 octobre 1895.


«  Monsieur le Directeur,


« Jusqu’à présent, j’avais toujours reproché à l’antisémitisme de ne donner aucune solution à la question qu’il avait soulevée. À plusieurs reprises même, j’ai demandé, soit à vous, soit aux vôtres, quelles mesures vous préconisiez pour échapper à ce que vous nommez la domination juive, à ce que j’appelle la tyrannie du capital qui n’est pas spécialement juif, mais universel. Je n’ai jamais obtenu de réponse.

« Le concours que vous ouvrez satisfera, je l’espère, ma curiosité, et me fixera sans doute sur la doctrine antisémite. Voulez-vous me permettre de faire partie