arrangé par un justicier qui sera « le grand Celtique ». J’ai cru remarquer que M. Drumont se considérait quelquefois comme ce « grand Celtique ». Je ne le chicanerai pas là-dessus et je veux bien le croire. Cependant, cette solution ne semble pas toujours satisfaisante à l’érudit auteur de la France Juive. Il cite alors les propres paroles de Notre-Dame de La Salette ; il apprend à ceux qui l’ignorent que l’Antechrist naîtra d’un évêque et d’une juive, et qu’après quelques horrifiques combats l’ordre renaîtra en Gaule. L’évêque est, paraît-il, tout désigné : ce sera Mgr Fuzet, de Beauvais, si je ne me trompe.
Le rôle de l’antisémitisme doit être sans doute de préparer la venue de tous ces combattants. Je voudrais savoir comment il procédera. Je manque de données précises là-dessus. Voyons, monsieur Drumont, qu’allez-vous faire des Juifs ? Exposez-moi votre programme. J’imagine que vous n’en avez pas, ni vous ni vos disciples. Prouvez-le, direz-vous ? Voilà qui est facile. Il y a près d’un an, vous avez ouvert à la Libre Parole un concours sur les moyens de ruiner « la suprématie Juive » ; j’ai même demandé à faire partie du jury de ce concours et j’attends que l’on me convoque. Mais le concours est renvoyé chaque mois ; n’est-ce pas une preuve de la confusion d’idées des antisémites ? Il serait temps, cependant, dans l’intérêt même du parti, de dire une bonne fois ce que vous voulez. Je vais encore attendre votre réponse, monsieur Drumont, et si vous ne répondez pas, nous pourrons causer d’autre chose.