IV
LA QUATRIÈME À M. DRUMONT
Il faut savoir reconnaître ses erreurs. J’avais dit dans mon dernier article que sans doute le concours organisé par la Libre Parole sur les moyens « d’anéantir la puissance juive » était indéfiniment remis. Je m’étais trompé. Le concours aura lieu. M. Édouard Drumont a bien voulu me le faire savoir, et il m’a écrit que je faisais toujours partie du jury. Je l’en ai remercié, lui déclarant que j’étais fort heureux de cela, et que j’espérais trouver dans les travaux qui me seront soumis une réponse aux questions que je pose.
Je vois, en effet, que je ne dois pas compter pour cela sur M. Drumont lui-même. Je ne lui en veux pas. Peut-être a-t-il des préoccupations plus pressantes que celle de discuter sur la doctrine ou le but même de l’antisémitisme. J’aime mieux penser cela que de le croire gêné par mes demandes. Un homme qui a consacré sa vie à une cause ne doit évidemment pas être embarrassé par les interrogations d’un Juif assez indiscret pour demander ce que l’on veut faire de lui. S’il ne répond pas, c’est qu’il a ses raisons. Je ferai bien de ne pas m’obstiner. Quelques personnes me l’ont conseillé. Les unes m’ont dit : Comment, vous qui êtes un révolutionnaire, un socialiste, pouvez-vous vous occuper de ce problème si restreint de l’antisémitisme, qui sera résolu le jour où l’on résoudra tous les autres ? J’examinerai cette objection quelque jour — chaque chose doit avoir son temps — je me justifierai aux yeux de ces sincères doctrinaires et leur prouverai que les Juifs ne peu-