vent pas cependant se laisser manger en souhaitant uniquement l’âge d’or où tous les hommes seront frères. D’autres ont ajouté : Vous qui êtes un athée, qu’allez-vous faire dans cette galère, cela ne vous est-il pas indifférent de voir attaquer les Juifs ? À cela j’ai répliqué qu’il m’était absolument indifférent d’entendre attaquer la religion juive, mais que les bons antisémites, le jour où ils m’enlèveront mes droits de citoyen et d’homme ne me demanderont pas si je pratique ou non les rites du judaïsme. Alors, que voulez-vous que je fasse ? Je ne puis pas me convertir, puisque je trouve toute confession absurde quand elle n’est pas abjecte, et d’ailleurs les amis de Drumont me diraient que cette palinodie basse ne peut servir à rien et ils me considéreraient comme faisant toujours partie de la tribu d’Israël. Je dois donc défendre mes prérogatives d’individu. Je suis Juif, étant né tel. Il ne me plaît ni de changer de nom, ni de m’affilier à une église, ou à un temple, ou à une mosquée. J’ai le droit de rester tel et je soutiendrai ce droit. Qui peut me donner tort ?
Mais tout cela m’éloigne de M. Drumont. J’y reviens. Je constate qu’il n’a jamais répondu aux questions que j’ai posées. Il pourra protester et dire : J’ai écrit là-dessus dix livres et mille articles ; je répliquerai qu’il n’a pas répondu en mille articles et dix livres et nous ne serons pas plus avancés qu’avant.
La vérité est sans doute que tout ce que j’ai écrit ne l’intéresse pas. Assurément, s’il prenait un intérêt à ce dont je parle, il aurait voulu retorquer mes erreurs et m’éclairer en même temps qu’éclairer ses disciples. J’ai lu attentivement la Libre Parole depuis une quinzaine pour savoir ce qui pouvait intéresser M. Drumont. De quoi veut-il donc que je lui parle ?
De Karl Marx ? Il ne l’a jamais lu. Des mauvais amis de Champrosay, de M. Jacques Lebaudy et de Max même ou du malheureux M. de Cesti que ses familiers ont abandonné ? Tout cela me laisse très froid et je cède volontiers à d’autres le soin d’en disserter. Aimerait-il mieux que je contasse des anec-