Page:Lazare - Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, 1844.djvu/325

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Voici l’inscription qu’on lisait sur le devant de la statue :

LUDOVICO MAGNO,
VICTORI PERPETUO, SEMPER PACIFICO,
ECCLESIÆ ET REGUM DIGNITATIS ASSERTORI,
PRÆFECTUS ET EDILES ÆTEUNUM HOC FIDEI OBSEQUENTIÆ,

Pietatis et memores animi, monumentum posuerunt ; anno R. S. H. M. D. C. L. XXXIX.

La statue de Coysevox, mutilée en 1793, resta cachée dans les magasins du Roule. Replacée en 1814, elle a été restaurée par MM. Dupasquier, sculpteur, et Thomire, fondeur.

La cour de l’Hôtel-de-Ville, remarquable par ses fenêtres d’un style gracieux et élégant, était entourée des portraits en médaillons de plusieurs prévôts des marchands. On en voyait encore quelques uns en 1817. Depuis on a eu la maladresse de les faire disparaître à force de reblanchir et de gratter la pierre.

L’Hôtel-de-Ville, enrichi et décoré avec soin sous les successeurs de François Myron, a été dépouillé, pendant la révolution, de presque tous les ouvrages d’art qui rappelaient le gouvernement déchu. L’antichambre de la salle des gouverneurs était ornée d’un tableau peint par de Troy, à l’occasion de la naissance du duc de Bourgogne, père de Louis XV. La salle au fond de la cour renfermait les portraits en pied des gouverneurs de Paris, à partir du duc de Bournonville ; sur la cheminée étaient placés le portrait de Louis XV, donné en 1736 par ce roi, et un grand tableau de Carle Vanloo, représentant le même monarque assis sur son trône, recevant les hommages des prévôt et échevins de la ville de Paris, à l’occasion de la paix de 1739. Dans la salle d’audience ou du conseil, on remarquait l’entrée de Henri IV à Paris.

Dans la grande salle, nommée Salle du Trône, on voyait deux magnifiques tableaux peints par Largillière ; le premier rappelait le festin donné par la ville à Louis XIV, et le second, le mariage du duc de Bourgogne avec Marie-Adélaïde de Savoie. Dans le fond on distinguait de belles peintures de François Porbus, dit le Jeune, représentant des prévôts et des échevins ; ces dernières toiles étaient si remarquables, que les autres tableaux placés à côté de ceux de Porbus ne paraissoient, dit Sauval, que des peintures de village ou du pont Notre-Dame. Cette magnifique salle du trône est terminée à chaque extrémité, par une vaste cheminée, ornée de persiques, de cariatides bronzées, et de figures allégoriques, couchées sur des plans inclinés ; ces cheminées datent du règne de Henri IV.

Mais si l’hôtel municipal était remarquable par les ouvrages d’art qu’il renfermait, depuis longtemps ses constructions ne répondaient plus à la grandeur de la capitale.

Il avait été question, vers le milieu du siècle dernier, de faire construire un nouvel Hôtel-de-Ville sur le terrain occupé aujourd’hui par les bâtiments de la Monnaie. L’administration fut même autorisée par un arrêt du conseil du 22 août 1750, à faire l’acquisition de l’emplacement moyennant la somme de 160,000 livres. Ce projet fut heureusement abandonné, et l’édifice de Dominique Boccardo resta la maison commune.

Un arrêt du conseil, à la date du 11 janvier 1770, prescrivit l’agrandissement de l’Hôtel-de-Ville. Dans cet acte il est dit : « Sur ce que les prevost des marchands et échevins de la ville ont représenté que l’hôtel commun n’est pas d’une étendue proportionnée à la magnificence de la capitale, et ses bâtiments se trouvant d’ailleurs insuffisants pour les opérations qui s’y font journellement, et notamment pour le paiement des rentes dues par sa majesté, il doit être, conformément au dit plan, construit une nouvelle façade au dit Hôtel-de-Ville en face de la rivière, et ajouté une aile à la jonction des rues Jean-de-l’Épine et de la Vannerie, etc… » La pénurie d’argent fit abandonner ce projet ; et les prévôts des marchands furent obligés de louer plusieurs maisons qui servirent à placer quelques bureaux.

Sous le consulat, le préfet du département de la Seine vint prendre possession de l’ancienne demeure du prévôt des marchands.

Une délibération des consuls, à la date du 5 frimaire an XI, porte ce qui suit : « Article 1er. Les bureaux de la préfecture du département de la Seine, ceux de la commission des contributions et du conseil de préfecture, seront transférés à l’Hôtel-de-Ville de Paris, et dans les bâtiments du Saint-Esprit avant le 1er germinal. — Art. 2e. Les registres et papiers du domaine national seront transférés dans les bâtiments de Saint-Jean-en-Grève. Le premier consul signé Bonaparte. » — Dans un décret de l’empire du 24 février 1811, on lit ce qui suit : « § V, art. 40. — Il sera fait à l’Hôtel-de-Ville de Paris les augmentations convenables pour que dorénavant dans les fêtes municipales, il ne soit plus nécessaire de faire des constructions provisoires. Ces travaux seront commencés cette année. Signé Napoléon. » Des agrandissements furent entrepris à cette époque sous la direction de M. Molinos, architecte. Une distribution nouvelle eut lieu dans les principales parties de l’édifice, ses dépendances furent considérablement augmentées par la réunion des bâtiments de l’hôpital du Saint-Esprit et de Saint-Jean-en-Grève.

On construisit l’hôtel particulier du préfet de la Seine, sur l’emplacement de l’hôpital du Saint-Esprit. On y remarquait trois pièces, qui, décorées d’un style uniforme, et séparées par des cloisons mobiles, ne faisaient à volonté qu’une seule pièce nommée salle des Fastes.

La salle Saint-Jean (autrefois chapelle de la communion de l’église Saint-Jean) offrait un vaste parallélogramme, éclairé par le haut et décoré de douze colonnes corinthiennes, en arrière desquelles régnait une galerie latérale ; cette salle était destinée aux assemblées publi-