Page:Lazare - Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, 1844.djvu/570

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cette église, mais il ne fut pas plus heureux que le Saint-Père ; et cet édifice, d’une architecture remarquable, resta toujours imparfait. En 1790, le collége des Bernardins devint propriété nationale. L’église, qui contenait en superficie 1,070 m. 97 c., fut vendue le 4 messidor an V. Les autres bâtiments restèrent propriétés de l’État jusqu’en l’an XII.

Un arrêté du gouvernement du 22 nivôse de cette année, porte entr’autres dispositions ce qui suit : « Article 1er. Les bâtiments des Bernardins, près la place aux Veaux, seront concédés à la Ville de Paris, en la personne du préfet de la Seine, par le ministre des finances, moyennant une rente dont la quotité sera de 5 p. % du prix de l’estimation des bâtiments faite contradictoirement par les experts nommés par le préfet de la Seine et le directeur des Domaines. »

La rente annuelle a été fixée à la somme de 6,000 fr. La ville est entrée en jouissance le 1er vendémiaire an XIII.

La rente de 6,000 francs, formant le prix principal de la présente vente, a été comprise dans les domaines nationaux attribués par la loi du 19 septembre 1807, à l’Hôtel-Dieu et à l’Hôpital-Général de Paris en remplacement de leurs biens aliénés. La ville a constamment servi cette rente aux hospices civils jusqu’en 1836, époque à laquelle le remboursement a été effectué au principal de 120,000 francs. — Le réfectoire a servi de dépôt d’huiles et de magasin à la ville. Le dortoir a été occupé par les archives de la préfecture de la Seine. Ces bâtiments situés du côté de la rue de Poissy, seront prochainement affectés à une caserne de sapeurs-pompiers. Les travaux d’appropriation s’exécutent en ce moment sous la direction de M. Hittorf, architecte. — D’après une délibération du conseil municipal, on va construire en façade sur la rue de Pontoise des bâtiments destinés à une école communale. Les travaux sont confiés à M. Durand, architecte.

Pont-Royal.

Situé entre les quais des Tuileries, d’Orsay et de Voltaire.

On ne communiquait, jusqu’en 1632, du faubourg Saint-Germain au Louvre et aux Tuileries que par un bac qui avait d’abord donné son nom à un chemin ensuite à une rue appelée du Bac. À cette époque, le sieur Barbier, contrôleur-général des bois de l’Île de France, qui possédait un clos à l’ouest de ce chemin, construisit sur la rivière un pont de bois : ce pont fut appelé pont Barbier, du nom de son entrepreneur ; pont Sainte-Anne, en l’honneur d’Anne d’Autriche, et des Tuileries, parce qu’il aboutissait au palais et au jardin de ce nom ; un peu plus tard on le nomma pont Rouge, parce qu’il fut peint de cette couleur. Ce pont, qui se composait de dix arches, fut souvent endommagé. Il exista cependant jusqu’au 20 février 1684 ; à cette époque, il fut entièrement emporté par les eaux. Les fondations de celui qui existe aujourd’hui furent jetées le 25 octobre de l’année suivante. Louvois venait alors de succéder à Colbert, dans la charge de surintendant des bâtiments. Les dessins ont été donnés par Jules Hardouin Mansart, et la construction suivie par Gabriel. La fondation de la première pile, du côté des Tuileries, ayant présenté des difficultés à cause de la mauvaise qualité du terrain, on appela de Maëstricht, le frère François Romain, moine de l’ordre de Saint-Dominique, qui y employa, pour la première fois, la machine à draguer. « Il prépara, dit un historien contemporain, par ce moyen le terrain sur lequel la pile devait être élevée, fit échouer un grand bateau marnois rempli de matériaux, et l’entoura de pieux battus sous l’eau et d’une jetée de pierre. On forma ensuite une espèce de caisse ou crèche contenant des assises de pierre, cramponées, attenantes à ces parois, et après qu’elle eut été immergée et consolidée par de longs pieux de garde, on remplit le vide que laissaient entre eux les parements avec des moellons et du mortier de Pouzzolane, que l’on employa pour la première fois à Paris. Cette fondation fut chargée d’un poids beaucoup plus considérable que celui qu’elle devait soutenir après la construction du pont, et comme au bout de six mois d’épreuve, il ne se manifesta qu’un tassement de 27 millimètres, qui fut attribué à la retraite des mortiers, on éleva sans crainte la pile et les deux arches collatérales. C’est dans cette pile qu’on a déposé les inscriptions et les médailles. » — Ce pont fut nommé Pont-Royal, parce que le roi en fit les frais qui s’élevèrent à la somme de 742,171 livres 11 sous. En 1792, on lui donna le nom de pont National ; en 1804, celui de pont des Tuileries ; depuis 1815, on l’appelle indistinctement Pont-Royal et des Tuileries. Il se compose de cinq arches à plein-cintre, dont le diamètre moyen est de 22 m. Sa largeur entre les têtes est de 17 m., et sa longueur totale entre les deux culées est de 128 m. En 1839, 40, 43 et 44, l’administration a fait exécuter des travaux de restauration, de rejointement des voûtes et piles en ciment romain, etc., qui ont occasionné une dépense de 173,456 fr.

Ponts (rue des Deux-).

Commence aux quais d’Orléans, no 2, et de Béthune, no 28 ; finit aux quais de Bourbon, no 1, et d’Anjou, no 37. Le dernier impair est 37 ; le dernier pair, 40. Sa longueur est de 157 m. — 9e arrondissement, quartier de l’Île-Saint-Louis.

Cette rue est ainsi nommée en raison de sa situation entre les deux ponts Marie et de la Tournelle. Sa construction fut commencée vers 1614. — Deux décisions ministérielles, la première du 24 frimaire an XIII, signée Champagny ; la seconde du 9 mai 1818, fixèrent la largeur de cette voie publique à 12 m. Cette largeur est portée à 15 m. en vertu d’une ordonnance royale du 4 août 1838. Les constructions riveraines sont soumises à un retranchement de 3 m. 80 c. — Conduite d’eau. — Éclairage au gaz (compe Parisienne).