Page:Lazare - Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, 1844.djvu/280

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Saint-Denis, de Lagny, de Pontoise, de Chaumont, de Corbie, d’Aumale, d’Amiens, de Douai, d’Avesnes, de Beauvais, de Bruxelles, de Malines et de Louvain. Enfin, le chiffre exact du produit du loyer des halles de Paris se montait à la fin du XIIIe siècle à 908 livres 10 sous 4 deniers parisis ; ce revenu annuel était considérable pour l’époque où il était perçu. Au milieu du XVIe siècle, cet établissement n’était plus en rapport avec la population parisienne, et l’industrie et le commerce y étouffaient faute d’air. « En 1551, dit Gilles Corrozet qui vivait à cette époque, les halles de Paris furent entièrement baillées et rebasties de neuf, et furent dressez, bastis et continuez excellens édifices, hostels et maisons somptueuses par les bourgeois preneurs des vieilles places et ruynes. » En 1553, on élargit les anciennes voies publiques qui se trouvaient aux abords de cet établissement, et l’on perça de nouvelles communications. Chaque corps de métiers eut, pour ainsi dire, sa rue spécialement affectée à son commerce. Telles furent les rues de la Cordonnerie, des Petite et Grande Friperies, de la Cossonnerie, des Fourreurs, de la Heaumerie, de la Lingerie, de la Chanverrie, de la Tonnellerie, des Potiers-d’Étain, etc. Les halles furent presqu’entièrement entourées d’une galerie couverte dont une partie subsiste encore aujourd’hui sous le nom de Piliers des Halles. Les sages règlements des prévôts de Paris contribuèrent aussi à la prospérité de cet établissement. On connaît deux ordonnances, la première de 1368, la seconde de 1371, suivant lesquelles les marchands étaient tenus de venir vendre aux halles, le mercredi, le vendredi et le samedi, sous peine de 40 sous d’amende, et de plus, de ne rien vendre ni étaler ailleurs, sous peine de payer 10 livres parisis. Ces ordonnances furent sévèrement exécutées ; en effet, nous voyons en 1410 un drapier condamné à 20 sous parisis d’amende pour avoir manqué de venir à la halle un samedi ; quelques années après, deux ballots de toiles qui avaient été vendus hors de la halle, furent confisqués et l’acheteur forcé de payer une amende de 40 sous parisis.

Avant 1789, les halles appartenaient généralement aux seigneurs qui jouissaient de ce qu’on appelait alors les droits de hallage.

Lors de l’abolition du régime féodal, la loi du 15-28 mars 1790 décida, art. 19 : « Les droits connus sous le nom de coutume, hallage… et généralement tous ceux qui étaient perçus en nature ou en argent, à raison de l’apport ou du dépôt des grains, viandes, bestiaux, poissons et autres denrées et marchandises dans les foires, marchés, places ou halles,… sont supprimés sans indemnité ; mais les bâtiments et halles continueront d’appartenir à leurs propriétaires, sauf à eux à s’arranger à l’amiable, soit pour le loyer, soit pour l’aliénation, avec les municipalités des lieux ; et les difficultés qui pourront s’élever à ce sujet seront mises à l’arbitrage des assemblées administratives. »

Un décret du 26 mars 1806, porte : « Article 1er. Les halles dont la régie des domaines est en possession seront abandonnées aux communes d’après estimation contradictoire, etc. »

En vertu des ces dispositions, tous les marchés de Paris, sauf quelques rares exceptions, sont la propriété de la ville au profit de laquelle se fait la perception des droits de place.

L’insuffisance de l’emplacement affecté aux halles avait depuis un demi-siècle, provoqué la sollicitude des gouvernements.

Napoléon voulut surtout porter remède à cet état de choses. Il rendit le 24 février 1811 le décret suivant : « Art. 36. Il sera construit une grande halle qui occupera tout le terrain de la halle actuelle depuis le marché des Innocents jusqu’à la halle aux farines. — Art. 37. Afin de ne pas gêner les ventes, les démolitions et les travaux commenceront par l’extrémité vers la halle aux farines. — Art. 38. Les plans et les devis de la grande halle, ainsi que l’estimation des terrains et maisons à acquérir, nous seront soumis avant le 1er juin 1811, et les constructions seront terminées à la fin de 1814. »

« Au palais de Rambouillet le 19 mai 1811. — Article 1er. Le projet de l’emplacement destiné à la grande halle de Paris est approuvé pour être exécuté conformément au plan ci-joint. — Art. 2. L’îlot des maisons situées entre les rues du Four et des Prouvaires, faisant partie du projet ci-dessus approuvé et comprenant les maisons, rue des Prouvaires, depuis le no  21 jusqu’au no  43 ; rue des Deux-Écus, depuis le no  2 jusqu’au no  10, et rue du Four, depuis le no  20 jusqu’au no  44, sera acquis dans la présente année par la ville de Paris. »

Cette 2e partie du décret a seule été exécutée, et sur l’emplacement de ces maisons on a construit le marché des Prouvaires.

Depuis quelques années surtout l’insuffisance des halles a fixé l’attention des administrateurs et le projet d’agrandir et d’améliorer ces établissements paraît devoir se réaliser prochainement. Aujourd’hui les approvisionnements occupent aux halles du centre une superficie de 36,225 m. ; encore convient-il d’en déduire 18,680 m. qui sont pris sur les voies publiques, au grand détriment du service d’approvisionnement, de la circulation et des propriétés riveraines ; ce qui réduit la superficie réellement affectée aux halles à 17,545 m. seulement. Un espace de 50,000 m. serait nécessaire pour procurer à cet utile établissement toutes les facilités désirables. Cette opération occasionnerait une dépense de 10,000,000 fr.

Les chiffres suivants donneront une idée de l’importance des ventes qui se font aux grands marchés de Paris.

La vente a produit :

En 1840. En 1841.
Marée 
5,098,872 5,205,254
Poisson d’eau douce 
621,039 592,874
Beurre 
11,307,598 12,285,131
Œufs 
5,316,398 5,705,219