Page:Lazare - Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, 1844.djvu/279

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Dame-de-Bonne-Nouvelle. Il a porté de 1824 à 1830 le nom de théâtre de Madame, en l’honneur de Madame la duchesse de Berri, qui se déclara protectrice de cet établissement. Grâce à ce haut patronage et aux agréables compositions de M. Scribe, ce théâtre eut longtemps la vogue. Depuis 1830 il a pris le nom de Gymnase-Dramatique. On y représente des comédies et des drames-vaudevilles. Prix des places en 1844 : avant-scène, stalles de balcon, loges d’entresol, 1res loges fermées et stalles d’orchestre 5 fr. ; baignoires et orchestre 4 fr. ; 1res galeries 2 fr. 75 c. ; 1res loges de côté et de face 2 fr. 25 c. ; 2mes loges 1 fr. 75 c. ; parterre, 3mes loges et 2mes galeries 1 fr. 25 c.


Mars 1844.
Séparateur


H.


Halles (les).

Circonscrites par les rues Saint-Denis, de la Cordonnerie et de la Tonnellerie. — 4e arrondissement, quartier des Marchés.
1re partie.

À l’époque où l’île de la Cité était encore tout Paris, on voyait près de Saint-Germain-le-Viel un établissement nommé le marché Palu. Aussitôt que les Parisiens eurent franchi le fleuve, la ville se développa rapidement du côté septentrional et, bientôt, sur la place de Grève s’éleva un second marché qui subsista jusqu’au règne de Louis VI, dit le Gros. Cette halle d’approvisionnement ne suffisant plus alors à la population parisienne, Louis VI résolut de créer à côté du chemin qui conduisait à l’abbaye de Saint-Denis un établissement beaucoup plus vaste que celui qu’on était forcé d’abandonner. L’emplacement que choisit ce prince faisait partie du territoire nommé les Champeaux (les petits champs) ; ce territoire était la propriété du roi, de l’évêque de Paris, du chapitre Sainte-Opportune, du prieuré de Saint-Martin-des-Champs, de Saint-Denis de la Chartre et de l’évêque de Thérouenne. Dès son avènement à la couronne, Philippe-Auguste s’occupa d’embellir Paris. « Les malades de la prieuré Saint-Ladre, dit Gilles Corrozet, avoient dans ce temps et d’ancienneté acquis le droict de marché et foire publique pour distribuer toutes marchandises, lequel marché se tenoit près de leur maison. Mais le roy ayant faict fermer sa ville de Paris, achepta le droict d’iceux et ordonna qu’il seroit tenu dedans la ville en une grande place vague nommée Champeaux, auquel lieu furent édifiées maisons, habitations, ouvroirs, boutiques et places publiques, pour y vendre toutes sortes de marchandises, et les tenir et serrer en seureté, et fut appelé ce marché les halles, ou alles de Paris, pour ce que chacun y allait. »

Un accord fut passé entre Philippe-Auguste et Guillaume, évêque de Paris, par lequel l’entière propriété des halles fut acquise par le roi, moyennant une redevance annuelle. Les halles reçurent de nouveaux accroissements sous le règne de Saint-Louis. On y compta trois marchés ; deux étaient affectés aux drapiers ; le troisième, placé au milieu, servait aux merciers et aux corroyeurs, qui étaient tenus d’acquitter un loyer de 75 livres. En 1263, le roi leur vendit ce marché pour le prix de 13 deniers parisis de rente et de 12 deniers d’investiture. Les acquéreurs s’obligèrent en même temps à faire toutes les réparations et laissèrent au roi et à ses successeurs la faculté de former à l’endroit qu’ils choisiraient un nouvel établissement pour les corroyeurs et les merciers. Saint-Louis traita aussi favorablement les marchands de friperies et leur reconnut le droit de s’établir aux halles. Dans cette concession respire un véritable esprit de charité. En 1302, la libéralité de Saint-Louis fut confirmée par une ordonnance du prévôt de Paris, qui règle ainsi la manière dont seraient établies aux halles les vendeuses de lingeries, de friperies, de petits souliers et autres menues marchandises. « Come jadiz il eust une place vuide à Paris, tenant aux murs du cimetière des Innocents, et en ycelle place povres fames lingières, vendeurs de petis sollers, et povres pitéables persones vendeurs de menuls ferperies, avons desclairci et desclaircissons que les dites persones vendront leurs denrées d’ores en avant souz la halle en la fourme qui s’ensuit ; c’est assavoir que il i aura iij estauz de petis sollers de la quantité des estauz des lingières et povres pitéables persones par devers champiaus, et non plus, et seront les estauz des baseniers et autres petis sollers par derrière, ateignant du devant dit mur, et les estauz des lingières et povres pitéables persones au devant des estauz des baseniers et des vendeurs de petis sollers. » Dès la fin du XIIIe siècle, les halles avaient pris un immense développement ; elles contenaient à cette époque un marché aux tisserands, deux étaux aux foulons, une halle du lin et des chanvres, une pour les toiles, une pour le blé, une des merciers, une halle des chaudronniers, des étaux aux gantiers, aux pelletiers, aux fripiers, aux chaussetiers, aux drapiers, aux tapissiers, aux cordonniers, aux tanneurs. C’était à cette époque un bazar d’une grande étendue et qui renfermait tout ce que la nature et l’industrie pouvaient alors produire. Non seulement il servait à la vente des marchandises de tous genres, mais encore il était fréquenté par les habitants de la banlieue. Des marchands venus même de très loin y formèrent des établissements fixes ; nous mentionnons les halles de