Page:Lazare - Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, 1844.djvu/426

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supprimés quand le dit marché sera établi. Signé Napoléon. » — Un autre décret du 24 février suivant ordonna que ce marché serait terminé au 1er juin 1811. Cependant la première pierre ne fut posée que le 15 août de la même année. — « Au palais de Trianon, le 21 mars 1813. — Napoléon, etc… Sur le rapport de notre ministre de l’intérieur, nous avons décrété et décrétons ce qui suit : Article 1er. Il sera ajouté au marché Saint-Martin un corps d’étaux de boucherie, tant dans l’emplacement de l’ancien marché que dans la maison particulière côtée A sur le plan. Il sera ouvert pour les débouchés de ce marché trois nouvelles rues, savoir : une à droite du Conservatoire des Arts et Métiers pour la communication avec la rue du Vertbois ; une autre à gauche du Conservatoire, coupant la rue Royale et sur le prolongement de la rue Transnonnain ; et la troisième sur l’axe du marché et du Conservatoire, débouchant sur la rue des Fontaines, et établissant une communication directe avec le quartier du Temple. À cet effet, les bâtiments désignés au plan par la cote A, et par les nos 5, 8, 15 et 19, seront acquis par notre bonne ville de Paris, pour cause d’utilité publique, etc… Signé Napoléon. » — Les travaux de construction du marché Saint-Martin furent dirigés par M. Peyre, architecte, qui les termina en 1816. L’inauguration eut lieu le 20 juillet en vertu d’une ordonnance de police du 12 du même mois. À cette époque, on s’occupa des percements qui devaient faciliter les abords de cet établissement. Le plan décrété par l’empereur fut modifié par celui qui fut approuvé ministériellement le 9 octobre 1816. Suivant ce dernier projet, cinq nouvelles communications durent être ouvertes. En vertu d’une décision du ministre de l’intérieur du 27 septembre 1817, les noms de Ferdinand-Berthoud, Borda, Conté, Montgolfier et Vaucanson furent assignés à ces voies publiques. C’était une heureuse idée inspirée par le voisinage du Conservatoire, où les chefs-d’œuvre de ces savants sont conservés avec un soin religieux.

Le marché Saint-Martin est composé de deux corps de bâtiments entièrement isolés, de chacun 22 m. de largeur et de 62 m. de longueur, et séparés par une cour de 58 m. de largeur. Ils sont divisés chacun en trois nefs d’égale largeur et en neuf travées composant 27 espaces carrés formés par les murs de face, percés dans leur pourtour de 60 arcades, les unes servant d’entrées, les autres fermées par des persiennes. Le tout est couvert d’un comble dont la partie, posant sur les murs de face, est en appentis, et dont la partie centrale portant sur seize piliers est à deux égouts. Cette dernière, plus élevée que la première, laisse un espace vide qui éclaire la partie supérieure du bâtiment. La fontaine occupe le centre de la cour. La superficie du marché Saint-Martin est de 6,324 m.

Martin (place de l’ancien marché Saint-).

Située entre les rues du Marché-Saint-Martin, Royale, Conté et Montgolfier. Le dernier impair est 15 ; le dernier pair, 18. Sa longueur est de 88 m. — 6e arrondissement, quartier Saint-Martin-des-Champs.

« 25 mars 1765. — Louis, etc… Les officiers chargés sous nos ordres de la police de Paris, désiraient depuis longtemps l’établissement d’un marché dans le quartier Saint-Martin-des-Champs, où, faute d’un terrain qui y fût destiné, les vendeurs et les acheteurs ne pouvant se placer que dans les rues les plus fréquentées, se trouvaient exposés à de grandes incommodités, à de véritables risques, par le passage continuel des voitures, etc. À ces causes : Article 1er. Avons approuvé et autorisé, approuvons et autorisons le contrat d’échange attaché sous le contr’scel des présentes, par lequel le sieur abbé de Breteuil, en vue de l’établissement d’un marché dans le quartier Saint-Martin-des-Champs, a cédé aux religieux, moyennant 8,000 liv. de rente perpétuelle, la totalité de l’emplacement de son hôtel, au prieuré de Saint-Martin-des-Champs, bâtiments et jardins en dépendant, ainsi qu’un grand terrain vague en forme de marais, contigu au d. hôtel prieural. Voulons que le d. échange sorte son plein et entier effet, et que nonobstant notre édit du mois d’août 1749, enregistré au parlement, aux dispositions duquel nous dérogeons pour ce regard en considération de l’utilité publique, lesd. religieux demeurent propriétaires des terrains et bâtiments à eux cédés, sur partie de l’emplacement desquels il sera incessamment établi un marché suivant l’offre des d. religieux, etc. — Art. 3e. La principale entrée du dit marché sera par la porte de l’enclos qui donne sur la rue Saint-Martin, et il sera ouvert deux autres passages, un dans la rue Frépillon et l’autre dans la rue Aumaire, vis-à-vis la rue Transnonnain, à la charge néanmoins que l’estimation des maisons qu’il sera nécessaire d’abattre pour former les d. passages, sera convenue de gré à gré entre le lieutenant-général de police et les propriétaires des dites maisons, ou réglée par experts nommés d’office, etc… — Art. 7e. Permettons aux d. religieux, dans le surplus du terrain à eux concédé, de construire tels bâtiments qu’ils jugeront à propos, des quels bâtiments qu’ils pourront louer à leur profit, la propriété leur appartiendra incommutablement en vertu des présentes, etc. » (Extrait de la déclaration du roi, Archives du royaume, série E, no  3451, section administrative). — Cette déclaration fut enregistrée au bureau de la ville le 30 avril suivant. On commença immédiatement à construire le marché ainsi que les issues qui devaient y aboutir ; ces issues furent d’abord au nombre de trois, savoir : rues Royale, du Marché-Saint-Martin et passage au Maire. Toutefois le marché ayant attiré un surcroit de population dans le quartier, les religieux profitèrent de l’autorisation qui leur avait été accordée par l’article 7e de la déclaration précitée. Vers 1780, ils firent percer sur l’emplacement resté disponible, plusieurs rues, impasses et place dont les dénominations se rattachent presque toutes à l’histoire de l’abbaye de Saint-Martin-des-