à un joculateur, cet homme en le faisant jouer et danser
devant le péager, sera quitte du péage tant du dit
singe que de tout ce qu’il aura apporté pour son usage ;
de là vient le proverbe essentiellement parisien : payer
en monnaie de singe. Un autre article porte : « Que les
jongleurs seront aussi quittes de tout péage, en chantant
un couplet de chanson devant le péager. » — Voici
le texte de cette ordonnance tirée des établissements
des Métiers de Paris, par Étienne Boislève, prévôt de
cette ville : « Li singes au marchant doit quatre deniers,
se il pour vendre le porte, et se li singes est au joueur,
jouer en doit devant le paagier, et par son jeu doit
être quite de toute la chose qu’il achète à son usage,
et aussitost li jongleur sont quite por un ver de chanson. »
— Le 20 décembre 1296, un débordement
extraordinaire de la Seine, entraîna les deux ponts, les
maisons bâties dessus, et abîma les moulins qui se trouvaient
sur le fleuve. On allait en bateau dans les rues de
la Cité. Le petit Châtelet fut entraîné par la rapidité des
eaux. Cette forteresse qui, probablement dans l’origine,
n’avait été bâtie qu’en bois, fut reconstruite en pierre,
en 1369, par le prévôt de Paris, Hugues Aubriot. Par
lettres du 24 décembre 1398, Charles VI ordonna
que les prisons de cette forteresse seraient annexées
à celles du grand Châtelet, qui étaient insuffisantes
et trop pleines. On fit examiner les prisons du petit
Châtelet qui n’avaient jamais servi, on les trouva sûres
et bien aérées, à l’exception de trois cachots où
les prisonniers privés d’air ne pouvaient vivre longtemps.
Le même roi destina, en 1402, cette forteresse
au prévôt de Paris. La geôle fut conservée. —
Lors du massacre de 1418, les Bourguignons la forcèrent
pour égorger les malheureux prisonniers. Cette
forteresse d’un style grossier, interceptait l’air, attristait
tout le voisinage. Le passage affecté au public
n’offrait qu’une voie étroite et dangereuse.
Lettres-patentes du 22 avril 1769. — « Article 19. Le petit Châtelet sera démoli et supprimé, tant pour déboucher de ce côté l’entrée du quai Bignon, que pour donner à la voie publique qui conduit au Petit-Pont la largeur nécessaire ; et pour tenir lieu de ce bâtiment formant actuellement une des prisons de cette ville, il sera fait une augmentation aux bâtiments du grand Châtelet jusqu’à la rue de la Sonnerie ; le tout suivant ce qui sera réglé entre les commissaires et les prévost et échevins. » (Extrait.)
Cette utile amélioration ne fut opérée qu’en 1782. Mercier, dans son tableau de Paris (édition de 1783), s’exprime ainsi sur la démolition du petit Châtelet : « J’ai passé sur ses débris, mais quel aspect ! Les voûtes entr’ouvertes des cachots souterrains qui recevaient l’air pour la première fois depuis tant d’années, semblaient révéler aux yeux effrayés des passants les victimes englouties dans leurs ténèbres ; un frémissement involontaire vous saisissait en plongeant la vue dans ces antres profonds, et l’on se disait : est-ce donc dans un pareil gouffre, au fond de la terre, dans un trou à mettre les morts qu’on a logé des hommes vivants ? Ces cachots vont servir désormais aux maisons qu’on va bâtir sur leurs fondements. Mais les murs y doivent être encore imprégnés des soupirs du désespoir. Qui osera placer là son tonneau de vin ? Qui pourra le boire sans se rappeler les malheureux qui ont gémi entre ces murailles, dans les tourments du corps et les angoisses de l’âme, plus terribles encore ? Puissent les dernières traces de la barbarie s’effacer ainsi sous la main vigilante d’un gouvernement sage ! » — On agrandit sur une partie de l’emplacement du petit Châtelet les bâtiments de l’Hôtel-Dieu, et l’on forma également, sur la plus grande portion du terrain qu’elle occupait, la place du Petit-Pont. — Une décision ministérielle du 5 vendémiaire an IX, signée L. Bonaparte, fixa la largeur de cette voie publique à 30 m. En vertu d’une ordonnance royale du 22 mai 1837, sa moindre largeur devait être portée à 32 m. Cependant les nouveaux bâtiments de l’Hôtel-Dieu ont été construits d’après un alignement qui ne donne à la place du Petit-Pont qu’une moindre largeur de 22 m. Les propriétés du côté des numéros pairs sont alignées. — Égout. — Conduite d’eau. — Éclairage au gaz (compe Parisienne).
Pont (rue du Petit-).
Dans tous les actes des XIIe et XIIIe siècles, elle est appelée Vicus Parvi Pontis. Un arrêt du conseil du roi, en date du 20 décembre 1687, prescrivit l’élargissement de cette rue. Cette amélioration ne tarda pas à être exécutée. — Une décision ministérielle, à la date du 5 vendémiaire an IX, signée L. Bonaparte, a fixé la largeur de cette voie publique à 10 m. Propriétés de 11 à 21, retranch. 60 c. à 1 m. ; de 23 à la fin, ret. 1 m. à 1 m. 60 c. ; de 10 à 16, ret. 60 c. à 95 c. ; de 18 à 24, ret. 95 à 1 m. 50 c. ; 26, ret. 2 m. — Égout. — Conduite d’eau. — Éclairage au gaz (compe Parisienne).
Pont-Neuf.
Le samedi 31 mai 1578, après avoir vu passer le superbe convoi de ses deux mignons, Quélus et Maugiron, tués en duel, le roi Henri III, accompagné de sa mère, Catherine de Médicis, de Louise de Lorraine-Vaudemont, son épouse, et des principaux magistrats de la ville, vint solennellement poser la première pierre du Pont-Neuf. La physionomie du monarque, empreinte d’un profond chagrin, fit dire à des rieurs qui l’observaient que le nouvel édifice serait nommé Pont des Pleurs. Jacques Androuet du Cerceau, qui en fut le premier architecte, reçut cinquante écus pour ses honoraires.