Page:Lazare - L’Antisémitisme, 1894.djvu/122

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l’or augmenta, et la passion pour l’argent grandit avec l’importance que la monnaie acquit.

Donc, d’un côté des riches, de l’autre des paysans n’ayant pas la terre à eux, soumis à la dîme et aux prestations, des ouvriers dominés par les lois capitalistes. Par-dessus tout, des guerres perpétuelles, des révoltes, des maladies et des famines. Que l’année soit mauvaise, que le fisc soit plus dur, que la récolte manque, que la peste arrive, le paysan, le prolétaire, le petit bourgeois sera bien forcé de recourir à l’emprunt. Il faut par conséquent des emprunteurs. Mais l’Église interdit le prêt à intérêt, et le capital ne se résout pas à rester improductif. Or, au moyen âge le capital ne peut être que commerçant ou prêteur, l’argent ne pouvant produire d’une autre façon. Tant que les décisions ecclésiastiques ont une influence, une grande partie des capitalistes chrétiens ne veut pas entrer directement en rébellion contre leur autorité ; aussi se forma-t-il une classe de réprouvés dont la bourgeoisie et la noblesse furent souvent les commanditaires. Elle se composait de Lombards, de Caorsins, auxquels les princes, les seigneurs conféraient des privilèges de prêt à intérêt, recueillant une part des bénéfices qui étaient considérables, puisque les Lombards prêtaient à 10 % par mois ; ou d’étrangers sans scrupules, comme ces émigrés de Toscane établis dans l’Istrie et qui pratiquaient l’usure à tel point que la commune de Trieste suspendit en 1350 toute exécution forcée pendant trois ans. Cela n’empêchait pas les usuriers de terroir, mais je l’ai