dit, ceux-là trouvaient les entraves que l’Église mettait à leurs opérations (le concile de Lyon de 1245 voulait que le testament des usuriers soit annulé).
Pour les Juifs, ces entraves n’existaient pas. L’Église n’avait sur eux aucune action morale, elle ne pouvait leur défendre, au nom de la doctrine et du dogme, de pratiquer l’échange et la banque. Les Juifs qui, à cette époque, appartenaient, en majorité, à la catégorie des commerçants et des capitalistes, profitèrent de cette licence et de la situation économique des peuples au milieu desquels ils vivaient. L’autorité ecclésiastique les encouragea dans cette voie plutôt qu’elle ne les retint, et les bourgeois chrétiens les y engagèrent en leur fournissant des capitaux, en se servant d’eux comme d’hommes de paille.
Ainsi une conception religieuse des fonctions du capital et de l’intérêt et un état social s’opposant à cette conception, conduisirent les Juifs du moyen-âge à exercer un métier décrié mais nécessité, et en réalité ils ne furent pas cause des méfaits de l’usure, dont était coupable l’ordre social lui-même. Ce sont donc, en partie, des motifs extérieurs à eux, à leur nature, à leur tempérament, qui les amenèrent à cette situation de prêteurs sur gage, de changeurs et de banquiers, mais il est juste d’ajouter qu’ils y étaient préparés par leur condition même de commerçants, et cette condition ils l’avaient assurément recherchée. S’ils ne cultivèrent pas la terre, s’ils ne furent pas agriculteurs, ce n’est pas qu’ils ne possédèrent pas,