Page:Lazare - L’Antisémitisme, 1894.djvu/180

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autres ceux de Porchet Salvaticus[1], de Pierre de Barcelone[2] et de Pietro Galatini[3].

Cependant, la science même de Martin n’était pas parfaite et, comme nous le verrons tout à l’heure, dans les controverses, les rabbins avaient trop souvent raison de leurs adversaires. Les antijuifs avaient besoin d’armes meilleures : le franciscain Nicolas de Lyra les leur donna. Nicolas de Lyra avait étudié avec soin la littérature rabbinique, et ses connaissances hébraïques, leur étendue, leur variété et leur solidité ont fait croire qu’il était d’origine juive, ce qui est peu probable. Il fut en tout cas le précurseur de l’exégèse moderne, cette exégèse qui est la fille de la pensée juive et dont le rationalisme est purement judaïque ; il fut l’ancêtre de Richard Simon. Nicolas de Lyra déclara que l’explication littérale du texte de l’Écriture devait être le fondement de la science ecclésiastique, et que le texte et sa signification étant établis, il fallait en tirer les quatre sens : littéral, allégorique, moral et anagogique[4]. Dans les Postilla et les Moralitates, réunis et fondus plus tard[5] en un grand ouvrage, Nicolas de Lyra exposa

  1. Victoria adversus impios Hebreos et sacris litteris (Paris, 1629) : Wolf : Bibl. Hebr., t. I, p. 1124.
  2. Sur Pierre de Barcelone (Petrus Barcilonensis) voir Fabricius : Bibliotheca Latina.
  3. De Arcanis Catholicæ veritatis libri (Soncino, 1518).
  4. Tout le moyen age a cru à ce quadruple sens des Écritures, quadruple sens dont le distique suivant exprimait la valeur :

    Littera gesta docet, quid credas, allegoria ;
    Moralis quid agas : quo tendas anagogia.

  5. Postillæ perpetuæ in universa Biblia (Rome 1471, 5 vol.)