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ses recherches. Ce fut désormais l’arsenal où l’on puisa dans les polémiques contre les Juifs et aussi pour défendre les évangiles contre les attaques israélites, car Nicolas de Lyra, dans son De Messia[1], avait réfuté les critiques que les Juifs faisaient à l’Ancien Testament. De nombreuses éditions des œuvres de Nicolas de Lyra furent faites, on y ajouta des commentaires, des notes et des additions, et il fut encore en exégèse le maître de Luther.

Mais si combattre les Juifs était louable, il était plus méritoire encore de les convaincre et la plupart de ces moines polémistes n’oubliaient pas qu’une des fins de l’Église était la conversion de Juda. Tandis que les conciles prenaient des mesures en vue de convertir les Juifs, les écrivains s’efforçaient de leur côté d’être persuasifs, plusieurs même, plus pratiques, allaient jusqu’à chercher un terrain de conciliation. Ainsi Nicolas de Cusa voulait en faisant certains sacrifices — il allait jusqu’à accepter la circoncision — réunir toutes les religions en une dont le dogme principal eût été la Trinité. La vieille « obstinatio Judaeorum » qui soutenait l’unité divine, s’opposait à ces tentatives, et en général les avances des chrétiens étaient mal accueillies. Toutefois les conversions n’étaient point rares, et je ne parle pas seulement de celles qu’on obtenait par la

  1. De Messia, ejusque adventu proeterito, tractatus una cum responsione ad Judoei argumenta XIV contra veritatem evangeliorum (Venise, 1481).