Plus dure encore, plus pénible qu’en Roumanie est la situation des Juifs en Russie. Leur histoire dans ce pays, où ils vinrent dès le troisième siècle avant Jésus-Christ, fondant des colonies en Crimée, fut celle des Juifs de toute l’Europe. Au douzième siècle ils furent expulsés et jamais on ne les rappela. Cependant, la Russie compte aujourd’hui quatre millions et demi de Juifs, et l’on ne peut dire que ces Juifs sont venus l’envahir, comme l’affirment les antisémites, puisque la Russie les a conquis en s’emparant en 1769 de la Russie Blanche, puis des provinces polonaises et de la Crimée, qui contenaient un nombre considérable d’Israélites. Au moment de cette conquête, il ne pouvait être question d’appliquer l’ukase de 1742 qui de nouveau avait chassé les Juifs. D’une part, le refoulement de quelques millions d’individus dans les états circonvoisins n’eût pas été chose aisée ; de l’autre, le commerce, l’industrie et surtout le fisc se fussent fort mal trouvés de cette expulsion en masse. Catherine II accorda alors aux Juifs les mêmes droits qu’à ses sujets russes, mais les ukases sénatoriaux de 1786, 1791 et 1794 restreignirent ces privilèges et cantonnèrent les Israélites dans la Russie Blanche et la Crimée — qui constituèrent dès lors le territoire juif — et dans la Pologne. Il ne leur était permis de sortir de ce ghetto territorial qu’en certains cas et à certaines conditions.
même des chauvins — qu’il soit turc, bulgare, russe, allemand, anglais ou même français.